Déconfinement : pas sans les maires !
Malgré des discours très contradictoires et souvent déroutants, il est difficile de juger le pouvoir sur son comportement et ses décisions depuis le début de l’épidémie. Il lui a fallu improviser face à un virus sur lequel les connaissances scientifiques étaient nulles et se débrouiller avec les avis incertains de son Conseil scientifique, comme en témoignent les déclarations de plusieurs de ses membres. Il est évident que l’exécutif a été pris de court
et a flotté jusqu’au moment où a été prise la décision du confinement. Sa communication désordonnée en est la preuve. Ses mensonges aussi sur les masques, les tests, les moyens hospitaliers pour masquer le désarmement sanitaire d’un pays qui proclamait avoir le meilleur système de santé au monde. En confinant les Français, il a cependant réussi à casser la courbe épidémique, sans pour autant éteindre la contagion. Le rendez-vous du déconfinement est une tout autre affaire. Le pouvoir a eu huit semaines pour le préparer, et le chef de l’État en a arrêté personnellement la date. Autant dire qu’il va en porter la pleine et entière
responsabilité. C’est sa véritable heure de vérité. Qui arrive dès aujourd’hui avec la déclaration du Premier ministre devant l’Assemblée nationale pour présenter son plan. Il n’est pas sûr qu’il en révèle tous les détails, mais il est important qu’il ouvre un vrai débat avec les députés à cette occasion. Les atermoiements de l’exécutif depuis deux mois ont montré qu’il n’a pas le monopole du savoir et du savoir-faire. Il lui faut, à cette occasion, redonner du sens à une démocratie parlementaire qu’il a jusqu’alors peu considérée. Dès cet après-midi, on pourra mesurer si le gouvernement est enfin capable d’écoute. Autre enjeu capital pour lui : démontrer son
« efficacité », le maître mot de la campagne
« Le 11 mai constitue la véritable heure de vérité pour le pouvoir, qui a eu huit semaines pour le préparer. »
présidentielle de . Il est impératif qu’elle soit enfin au rendez-vous alors que la confiance dans le pouvoir est très ébranlée. Les Français ont eu du mal à le suivre depuis deux mois, il va lui falloir maintenant les convaincre pour réussir cette sortie du mai et bien gérer les semaines, voire les mois, à venir. Pour y parvenir, l’exécutif laisse entendre qu’il s’appuiera sur les maires. Il est temps ! La plupart d’entre eux ont pris depuis le début du confinement des initiatives heureuses qui n’ont pas toujours été du goût du pouvoir. Il leur revient, à quelques exceptions près, d’avoir veillé avec la plus grande attention sur la santé de leurs administrés. Ils ont surtout démontré que le combat contre la pandémie ne sera pas gagné sans eux. Emmanuel Macron est peut-être en train de découvrir qu’il ne détient pas dans ses seules mains le destin du pays comme il l’a trop longtemps cru.