Masques : les officines attendent, inutile de courir
Sur plus de 400 officines, une vingtaine seulement disposeraient de masques à la vente. Le décret tardif oblige les clients à patienter, tout devrait rentrer dans l’ordre le 11 mai
Jusqu’alors réquisitionnés pour les besoins des professionnels de santé, des masques de protection refont leur apparition dans les pharmacies, cette fois à destination du grand public. Ce ne sont pas tout à fait les mêmes mais ces modèles en tissu répondent aux normes Afnor. Ils doivent filtrer au moins 70 % des particules et sont lavables dix fois, a minima.
Ça, c’est sur le papier. Dans la réalité, les choses sont un peu plus compliquées. Le décret paru ce week-end au Journal officiel ne s’est pas traduit par un déferlement de masques, comme par magie, sur les 22 000 officines du pays. On en recense plus de 400 dans les Alpes-Maritimes et, hier matin, une vingtaine d’entre elles, pas plus, disposaient d’un premier stock à la vente.
C’était le cas de la pharmacie Lyautey, dans le quartier du parc des Expositions, à Nice. C’était, car Raphaël Gigliotti s’attendait à avoir écoulé ses 1 000 pièces dans la journée. À midi, il en avait déjà vendu 150 et la ruée ne faisait que commencer, soutenue par un bouche-àoreille galopant. Pourquoi ici plutôt qu’ailleurs ? «Un coup de chance », selon le trésorier départemental de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, qui avait pris l’initiative d’une commande la semaine dernière, sans attendre la publication du décret.
« Pas avant juin »
Les masques reçus par Raphaël Gigliotti sont d’une qualité optimale. De catégorie 1 (filtration à 90 % pour retenir des molécules de 3 microns) et lavables vingt fois. Sans qu’il soit nécessaire de se saigner, à raison de 5,90 € l’unité.
C’est une entreprise de Moselle, d’ordinaire spécialisée dans l’habillage des TGV ou dans les revêtements pour la literie, qui a produit ce premier lot. Trois épaisseurs, la couche intermédiaire constituée par une maille très fine, à faible perméabilité, le tout lavable à 60°. Seul hic : « J’ai rappelé mon fournisseur qui n’est pas sûr de pouvoir me livrer à nouveau avant le mois de juin… »
« C’est rassurant »
Parmi ses premiers clients hier matin, le directeur d’un grand magasin à l’arrêt, ses 175 salariés au chômage partiel. « Mercredi, nous devons récupérer, avec mon mari, quatre masques réutilisables auprès des services de la Ville. En attendant, je n’ai rien, sauf un vieux modèle chirurgical que j’avais pu acheter ici même, avant la réquisition. Je ne suis pas complotiste, je ne perds plus mon temps sur Facebook où tout le monde a réponse à tout, je me fais mon opinion par moi-même et je ne cède pas à la panique. Tout de même, dans la mesure où l’on connaît mal ce virus, se protéger avec un masque, ne serait-ce que pour faire les courses, c’est rassurant. » Son pharmacien, veillant à contingenter les ventes pour satisfaire un maximum de clients, se désole déjà d’être à court. «Jen’enfais pas une affaire d’argent, la marge est la même que sur les médicaments, donc faible, et le taux de TVA heureusement ramené à 5,5 %, comme sur tous les produits liés à la lutte contre le Covid19.» Il rappelle que les masques en papier peuvent être provisoirement recyclés par un bref passage au four à 70°. Et que, tissu ou papier, il est capital de respecter les conditions d’une bonne manipulation : « Ne toucher que les élastiques, jamais le masque lui-même. En prenant soin de soigneusement se laver les mains avant de le mettre en place et après l’avoir retiré. »