Monaco-Matin

En direct de chez... Jérémy Taburchi

- RECUEILLI PAR A. MA.

Ils sont acteurs de la vie culturelle de la région, en attendant de nous retrouver en vrai, ils nous parlent depuis leur confinemen­t…

Jérémy Taburchi est un habitué des festivals et exposition­s de la région. Peintre, sculpteur, dessinateu­r de BD, auteur, l’artiste niçois de  ans est toujours accompagné de son fidèle chat rose, son alter ego coloré qu’il décline en oeuvres polymorphe­s depuis des années. Sa quarantain­e, il la passe dans le Gard, loin de chez lui, Beausoleil, où il travaille aussi dans la communicat­ion.

« Je suis chez ma compagne dans le Gard, depuis la mi-février. Comme je suis francoital­ien, j’ai été très vite concerné par la situation dramatique en Lombardie et j’ai rapidement pris la décision de la rejoindre. Nous avons la chance d’avoir un jardinet ici, c’est plus confortabl­e, même si des choses me manquent. Sur le plan psychologi­que, j’ai d’abord eu le sentiment d’aborder une terra incognita. J’ai eu des doutes sur mes capacités à bien le vivre, tout en me disant que ce n’est pas la guerre, que je ne suis pas dans un camp comme j’ai pu le lire sur les réseaux sociaux, je ne suis pas sous les bombes en Syrie, je ne meurs pas de faim !

On a ensuite cherché à donner un rythme aux semaines... Et on a décidé de fêter des faux anniversai­res tous les mercredis ! On a fêté le mien, celui de ma compagne, celui de ma belle-fille, celui du chat. (rires)

Pour travailler, comme je n’ai pas tout mon matériel d’artiste avec moi, j’ai d’abord dû trouver des modes d’expression à partir de ce que j’avais sous la main. Les crayons de couleur et les feutres de ma belle-fille de  ans, les stylos de ma compagne... J’ai vite eu besoin de dessiner. Le rythme du confinemen­t, le fait de devoir occuper mon temps, d’avoir des crayons plutôt que mes pinceaux, tout ça m’a fait travailler beaucoup plus lentement. J’ai fait une série de dessins plus détaillés que ce que je fais d’ordinaire. »

Fin mars, Jérémy Taburchi a mis ces dessins en vente et décidé de reverser la moitié des bénéfices à des associatio­ns dédiées aux hôpitaux de France et d’Italie. «Çapartd’une envie d’agir. Ce genre de situation est difficile à vivre parce qu’on est impuissant. J’ai voulu retrouver ce sentiment d’être utile. Je ne suis pas chercheur ni médecin, je n’ai pas l’âme d’un bénévole parce que je suis introverti, ce que je sais faire, c’est dessiner et mobiliser des fonds avec mon réseau de collection­neurs, alors c’est ce que j’ai fait.

L’après, je vais le vivre de manière respectueu­se de ce que l’on nous demandera, je n’ai pas d’a priori sur une applicatio­n de traçage par exemple... si c’est bien fait. Je vais retrouver la nature qui me manque, mes parents aussi, à Beausoleil, j’espère les voir si je peux. Et il ne se passe une journée sans que je pense à la socca de La Socca d’or, derrière le port de Nice, que j’espère vite retrouver ! »

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