Les podologues de la région Paca et Corse dans la course au matériel
Pour les podologues, sans mauvais jeu de mots, ce n’est pas le pied en ce moment. Ils se considèrent comme les parents pauvres des personnels soignants. « On est au bord d’une crise », pronostique Sébastien Moyne-Bressand, président du Conseil de l’ordre des podologues en région Paca et Corse, regroupant 1 403 praticiens, dont 83 sur l’Ile-deBeauté. En cause : le manque abyssal de matériel destiné aux gestes barrières.
SOS aux pouvoirs publics
Tout est parti de deux décrets des 16 et 23 mars recommandant aux personnels soignants les gestes à avoir afin de pouvoir recevoir les patients. Mauvaise surprise : « On ne fait pas partie de ces professionnels de santé habilités à bénéficier des dotations de l’État en masques, gants, surblouses… »
Pour quelle raison ? Mystère : « On n’a pas réussi à obtenir d’explication. » Résultat : sans possibilité de soigner les pieds, munis des protections sûres, les cabinets ont fermé. Et les soins à domicile ? «Ilyaunpeuplus de 15 jours, répond le porteparole des podologues, un décret nous a autorisés à aller chez les patients chroniques (diabétiques…) ou ceux en situation d’urgence, à condition d’avoir le matériel adéquat. »
En outre, comment déterminer une situation d’urgence ? La téléconsultation ? Non : « Nous ne faisons pas non plus partie des professions pouvant accéder à la consultation à distance. Seul, un médecin traitant peut valider une urgence et envoyer les patients vers des cabinets référencés. »
Le 11 mai se profile. Les cabinets de pédicurie-podologie rouvriront. Mais avec quoi ? « Lorsqu’on a fermé, dans un geste de solidarité, on a tous donné nos masques aux docteurs, pharmaciens… Et là, on se retrouve démunis. » En acheter ? Difficile : « On était loin de s’imaginer qu’une boîte de masques coûtant 3,80 euros les 50 protections serait vendue aujourd’hui, hors taxe, entre 48 et 60 euros ! »
D’où un « harcèlement » de la part de Sébastien MoyneBressand auprès de l’Agence régionale de santé, des collectivités territoriales, dont la Région, le conseil départemental et les municipalités dotées de centres hospitaliers. « À ce jour, seul Jérôme Viaud, maire de Grasse, a répondu en offrant 200 masques chirurgicaux aux podologues de la cité des parfums. »