La pandémie fait plonger Airbus dans la tourmente
L’avionneur européen a annoncé, hier matin, qu’il avait perdu 481 M€ lors de ce premier trimestre. Beaucoup de compagnies demandent des reports de livraison
Airbus a plongé dans le rouge au premier trimestre, constatant « rapidement » les effets de l’épidémie de coronavirus, «la plus grave crise jamais rencontrée par l’industrie aéronautique » , qui l’empêche notamment de livrer une partie de ses appareils. L’avionneur européen a publié, hier, une perte nette de 481 M€ pour les trois premiers mois de l’année, pour un bénéfice opérationnel ajusté de 281 M€, en baisse de 49 %. Le chiffre d’affaires a, lui, affiché une baisse de 15,2 %, à 10,6 milliards d’euros, « reflétant l’environnement difficile affectant le marché de l’aviation commerciale », affirme le groupe dans un communiqué. S’il a enregistré 290 commandes nettes sur la période, l’avionneur européen a livré 122 appareils, 40 de moins que l’an passé. Il a produit 60 autres avions qui n’ont pu être livrés aux clients en raison de l’épidémie de Covid-19. Si l’activité d’Airbus Hélicoptères est en hausse (+19 % à 1,2 milliard d’euros) et celle d’Airbus Defense and Space stable à 2,1 milliards, le chiffre d’affaires du premier trimestre a pâti de la division des avions commerciaux, en baisse de 22 % à 7,6 milliards d’euros. Avec leurs flottes clouées au sol par la pandémie, les compagnies aériennes clientes cherchent à préserver ce qu’elles peuvent de liquidités qui s’évaporent. « Il y a beaucoup de demandes de reports » de livraisons d’avions, a confié Guillaume Faury, président exécutif d’Airbus, lors d’une conférence de presse téléphonique. L’avionneur dit en revanche ne pas avoir subi d’annulation de commande « liée au Covid-19 ».
Nouvelle donne
Airbus, qui a livré 863 appareils en 2019, a annoncé, début avril, qu’il baissait ses cadences de production d’environ un tiers pour s’adapter à la nouvelle donne. Dans une lettre, Guillaume Faury a prévenu les 134 000 salariés de « se préparer à ce que cela puisse encore empirer ». Selon le directeur financier du groupe Dominik Asam, « avril et sans doute les mois qui suivent seront sans surprise plus compliqués en termes de livraisons que ce que nous avons connu au premier trimestre ». L’avionneur avait annoncé le 23 mars avoir obtenu une nouvelle ligne de crédit pour porter ses liquidités disponibles à 30 milliards d’euros contre 20 milliards précédemment. Il ne compte donc pas recourir à une aide gouvernementale, a réaffirmé Dominik Asam.
« Encore qu’au début »
La priorité reste cependant de préserver les liquidités du groupe, en réduisant notamment les dépenses d’investissement de 700 M€ ,à 1,9 milliard, et en suspendant les activités « qui ne sont pas cruciales à la poursuite de l’activité ». Guillaume Faury a toutefois prévenu : « Nous n’en sommes encore qu’au début de la crise, étant donné la visibilité limitée ». Airbus ne dévoile pas de nouveaux objectifs de résultats à ce stade.