La guerre du Lol : une incursion dans l’après
Le rire, la dérision et l’humour comme armes de destruction individuelle de l’angoisse collective massive. Depuis le début de la crise sanitaire, des internautes ont pris le parti d’en rire
La guerre du Lol sur les réseaux sociaux continue. De détournements d’images en punchlines [phrases chocs] loufoques, la thérapie du rire reste la meilleure des chloroquines pour nos santés mentales. Nul ne sait si cela va nous guérir mais p... qu’est-ce que ça fait du bien ! Certes, la peur que le virus s’offre une troisième mi-temps est prégnante. Mais comme le bout du tunnel de la crise sanitaire semble pointer, on rit de tout, histoire de prendre un peu d’avance sur un après si flou, si incertain, qui peine à se dessiner. Comment tu étais, comment tu es devenu ? Rendue célèbre par l’humour pied-noir de Robert Castel, cette question hante les internautes. Emmanuel Macron nous avait prévenus que l’après ne pourrait être comme avant. Du coup, ça gamberge tous azimuts.
Syndrome du service militaire
Le désir furieux d’un simple rewind [retour en arrière] se dessine dans les vagues de Lol du Web. Chacun étant son propre anthropologue se moque de ses crises de manque d’apéro, de ses problèmes capillaires – un cheveu sur la langue qui n’est jamais de bois –, de ses pertes de repères. Et si nous étions tous contraints, avant tout chose, d’avoir à faire urgemment des emplettes de nouveaux repères au sortir de l’entre-temps du confinement ?
Le rire sur la Toile du coup n’est pas dénué d’une certaine forme de nostalgie… à double détente : vite, vite, je veux retrouver mes habitudes mais, confusément, je sens déjà que ce temps sociétal suspendu me manquera. Syndrome du service militaire ! Voilà, telle est la couleur de la déferlante de Lol cette semaine. Vague qui, fatalement, s’abat à grandes rafales sur nos politiques. Avec une spéciale dédicace loufoque à Donald Trump, le nouveau Monsieur Propre. Hors tout clivage politicien, le Lol darde des flèches drolatiques en direction de ceux qui nous gouvernent. Le retour à la normale est bien en phase d’approche.