Dons de RTT, primes, Cannes
Hier, plus d’une centaine de personnels de l’hôpital Simone-Veil de ont exprimé de fortes attentes salariales alors que s’ouvrent les négociations sur l’avenir de l’hôpital en France
Mobilisés comme rarement. Déçus comme jamais. Unis comme souvent. Ambiance combative, hier, sur le parvis de l’hôpital Simone-Veil de Cannes où se sont massés plus d’une centaine de personnels hospitaliers en début d’aprèsmidi, à l’appel du syndicat Force ouvrière (FO). Poings levés et coeurs serrés. Avec des messages clairs sur les pancartes brandies : « Ni héros, ni médaille », « Stop à l’injustice », « Prime pour tous ».
Si les premières annonces d’Édouard Philippe, évoquant une hausse « significative » du salaire des soignants, ont ouvert positivement les négociations du « Ségur de la santé » (du nom de l’avenue parisienne où se trouve le ministère des Solidarités et de la santé), ceux qu’on a qualifié de « premières lignes », expriment de fortes attentes.
« Indignation »
D’abord, concernant la fameuse prime de 1 500 euros qui exclut notamment l’établissement cannois. «Un arbitrage inexpliqué et incompréhensible qui provoque l’indignation », a clamé Laurence Laporte, secrétaire FO, qui s’est rendue à l’Agence régionale de santé (ARS) hier matin, sans obtenir plus d’explications. Mais qui veut croire à des « réajustements ». Un infirmier, en poste depuis deux ans en orthopédie, ne comprend pas : « On a été dispatchés dans différents services, on a dû s’adapter dans l’urgence… Chacun doit avoir la prime qu’il mérite. » La crise sanitaire a cristallisé les difficultés chroniques dans les conditions de travail. Ce sont bien les revalorisations de salaire qui sont au coeur de toutes les revendications. «Lacrisea montré les défauts du système. En France, la rémunération n’est pas au même niveau que dans d’autres pays européens. Je touche 1 600 euros par mois », poursuit le jeune infirmier.
Trois cents euros pour tous
Sur le plan Ségur, FO est clair. « Nous n’accepterons pas les mesures qui divisent telles les primes ! Nous ne voulons plus de clivages dans les métiers, les services ou les régions, comme c’est le cas aujourd’hui. Nous voulons une revalorisation salariale de 300 euros de tous les agents de la fonction publique hospitalière, car l’hôpital fonctionne comme un ensemble. Et non des chèques cadeaux, des dons de RTT, des primes ponctuelles et encore moins de médailles », a clamé la syndicaliste, sous les applaudissements et les cris de guerre.
Le syndicat demande donc le « dégel immédiat » de la valeur du point d’indice et le « rattrapage de 18 % de perte de pouvoir d’achat ».
Et prévient d’ores et déjà qu’il n’acceptera pas la politique du travailler plus pour gagner plus : « Si c’est pour développer les heures supp’, c’est non ! ». Et de prédire, si les attentes n’étaient pas satisfaites : « Le service public a montré son importance dans cette crise. L’hôpital public ne pourra pas survivre à un déni sur les revalorisations salariales, de la hausse du point d’indice, car les hospitaliers vont quitter le navire ». Rendez-vous est pris le 16 juin pour une nouvelle mobilisation.