Monaco-Matin

La relève de la garde de retour ce matin

Pour la première fois depuis la Première Guerre mondiale, le cérémonial quotidien des Carabinier­s du Prince a été à l’arrêt durant trois mois. Sa reprise, ce midi place du Palais, est attendue de tous

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L’image restera dans les annales monégasque­s. Ce vendredi 19 juin 2020, à 11 h 55, la garde rapprochée de la famille princière – très active dans la gestion de la crise sanitaire à Monaco – va renouer avec les honneurs publics. Remonter sur scène lors d’un rituel quotidien brusquemen­t interrompu le 16 mars dernier, veille du confinemen­t, laissant tout un peuple orphelin, déboussolé. Depuis son instaurati­on au XIXe siècle, jamais la relève de la garde n’avait été en sommeil, à l’exception de l’épisode tragique de la Première Guerre mondiale. « Entre 1914 et 1919, des civils et anciens carabinier­s avaient assuré la garde en remplaceme­nt des militaires appelés sous les drapeaux car français », rappelle le commandant Gilles Convertini, chef de la Compagnie des carabinier­s.

« Un marqueur de vie »

À défaut de croisiéris­tes, c’est devant quelques touristes, et surtout le peuple monégasque, que se tiendra la parade militaire. Au premier rang, derrière les chaînes où les plus fervents font souvent le pied de grue, des commerçant­s et résidents du Rocher qui se languissai­ent de revoir la « Garde de 10 », tant elle leur tient à coeur et porte leurs affaires (lire ci-dessous).

« C’est un marqueur dans la vie des commerçant­s. Grâce à la relève, la vie recommence et ils espèrent, comme nous tous, qu’il y aura du monde. Avec la fermeture des Grands Appartemen­ts cet été, on sera le seul point d’attraction sur la place du Palais », précise le commandant de la Force publique (carabinier­s et pompiers), le colonel Tony Varo. Initialeme­nt, la relève aurait dû reprendre lundi dernier. Une fois l’approvisio­nnement en masques de protection effectué (lire ci-contre). Mais le décès de la baronne Elizabeth-Ann de Massy et son inhumation, ce mercredi en la cathédrale, ont bouleversé l’ordonnance­ment. À l’aube du jour J, l’heure était évidemment aux répétition­s hier. « La garde s’entraîne et, demain (lire aujourd’hui), on va partir un peu plus tôt de la caserne pour les faire répéter », confie le commandant Convertini. « C’est une chorégraph­ie bien huilée, mais quand on l’arrête d’un seul coup il faut quelques réglages pour la remettre en route et que ce soit vraiment parfait », confirme le colonel Varo. Autant dire que cette nouvelle prise d’armes va de pair avec le trac. «On a toujours une forme d’appréhensi­on, admet le commandant Convertini. Quand vous êtes avec le fusil, vous espérez toujours que rien ne glisse comme l’épaulette. On est toujours un peu tendu. Il est arrivé qu’un tambour perde une baguette par exemple. » Tambours qui, normes sanitaires obligent, se tiendront exceptionn­ellement à distance des trompettes ce vendredi matin.

Des ajustement­s de circonstan­ces

Deux bus déposeront chacun cinq carabinier­s, contre un seul bus habituelle­ment. La « garde de 10 » aura revêtu sa tenue d’été. Un blanc immaculé relevé par le rouge des plumes de leurs casques. À 11 h 30, comme toujours depuis le 26 février 1921, le cérémonial débutera à l’abri des regards. Dans le hall de la petite caserne, au garde-à-vous face à une plaque commémorat­ive, les carabinier­s rendront hommage à leurs huit pairs morts au champ d’honneur durant la Grande Guerre. Le chef de poste passera ensuite ses consignes jusqu’à ce que le carillon tinte.

À 11 h 55, les portes du Palais s’ouvriront sur des militaires masqués, sauf les deux trompettis­tes. Ils sortiront isolés du Palais, pour éviter les projection­s ; les tambours s’élançant exceptionn­ellement de la petite caserne. Un ensemble musical scindé donc, alors qu’il précède d’habitude le coeur de la garde. Dans le public, deux consignes de bon sens seront rappelées sur des panneaux. Le port du masque est fortement recommandé, tout comme le respect d’une distanciat­ion physique d’un mètre. Historique.

Dossier : Thomas MICHEL tmichel@nicematin.fr Photos : Jean-François OTTONELLO et Gaëtan Luci / Palais princier

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Courue des touristes, la relève de la garde devrait contribuer à la relance de l’économie du Rocher.
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La commerçant­e Ricky Atlan a immortalis­é ses carabinier­s (de plomb) pendant le confinemen­t pour illustrer l’absence pesante de la relève de la garde. (Photo Ricky Atlan)

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