Angoisses et dévouement
Ils ont rouvert début mai dans un décor de cinéma. Celui de ruelles désertées et silencieuses ; et d’affaires en berne. Ce matin, les commerçants du Rocher seront les premiers spectateurs de la relève de la garde, les plus impatients aussi. « C’est vraiment très bizarre de ne plus entendre la musique de la cloche à midi. Ça nous manque énormément. Des guides touristiques m’ont même téléphoné pour savoir quand la relève allait reprendre », témoigne Ricky Atlan, gérante d’U Parasettu. Une boutique de souvenirs où les représentations des carabiniers tiennent une place de choix dans les coups de coeur.
« C’était angoissant »
« Il y a plusieurs phases sur le Rocher dans la journée. Il y a une tranquillité agréable et étonnante au petit matin, où on ne rencontre que quelques membres de la SMA et des lève-tôt. Ensuite, la vie commence. Là, ce qui était angoissant à un moment donné, c’est que cette vie ne reprenait pas », résume le colonel Varo. Une pause qui a parfois pesé sur le moral des troupes. « Il n’y avait personne sur la place et le temps était long. Ils vont tous être ravis de reprendre », assure le commandant Convertini. Mobilisés dès les premières heures de la crise pour gérer et distribuer les stocks de masques, puis coordonner les dépistages et tester les volontaires, entre autres, les carabiniers ont pâti de l’absence de liens sociaux. Le soir venu, dur de se confiner en caserne lorsqu’on évolue en corps… Au-delà de groupes Whatsapp d’entraide, un réseau social a ainsi été développé en interne. Et des solutions trouvées pour permettre la pratique du sport, tant le sevrage était pesant les premiers jours du confinement. « La crise et la peur ont exacerbé certains comportements, analyse le colonel Varo. Il a fallu aussi, pour les gradés, entamer un dialogue face à une médiatisation importante et anxiogène. Transmettre des informations qui permettaient de pondérer les choses qui passaient en boucle à la télévision, sans explications. » Un soutien psychologique en réponse à un dévouement sans faille.
Les nouveaux masques.