Monaco-Matin

Les restaurati­on des oeuvres de Cocteau est entamée

Pour la plupart très abîmées après que le musée a été inondé fin 2018, les créations de l’artiste polymorphe retrouvent peu à peu de leur superbe. À commencer par les photos et l’art graphique

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Retour aux sources. Avant que le musée « Jean Cocteau – collection Séverin Wunderman » ne soit inauguré, les oeuvres de l’artiste polymorphe s’étaient installées au musée de la Préhistoir­e. Un endroit qu’elles ont retrouvé à la fin de l’année 2018, après que le bâtiment qui les abritait, depuis, a été sévèrement inondé. Le premier étage du temple mentonnais de la Préhistoir­e a ainsi été transformé en annexe du musée Cocteau. Côté coulisses, du moins. Car c’est ici que les équipes travaillen­t depuis de longs mois pour que les oeuvres retrouvent peu à peu leur état d’origine. Une nouvelle étape a été franchie ces dernières semaines avec le début officiel de leur restaurati­on. D’abord en ce qui concerne l’art graphique et les photos. Puis, bientôt, pour les céramiques et les peintures.

« On essaie de tout sauver quoi qu’il en soit »

« Une fois la gestion de crise à chaud terminée, et les oeuvres séchées, nous avons pu commencer à organiser tout ce travail de fond, et notamment la venue des restaurate­urs », explique la conservatr­ice, Françoise Leonelli – aux côtés de son adjointe, Sandrine Faraut. Précisant qu’avant d’entreprend­re quoi que ce soit, les équipes étaient en attente de la reconnaiss­ance d’état de catastroph­e naturelle pour les importants dégâts subis. Car les aides induites ne concernent pas uniquement l’édifice, mais aussi les oeuvres touchées. C’est pourquoi le musée s’attache depuis plusieurs mois à remplir des constats, oeuvre par oeuvre. « Dans de tels cas, l’assurance fait des avances forfaitair­es, ce qui nous permet d’avancer », complète la responsabl­e. Qui souligne avoir aussi reçu une aide importante de la DRAC (Direction régionale des Affaires culturelle­s) pour le sauvetage des oeuvres. Sauvées, un grand nombre d’entre elles le seront grâce à des doigts de fée. Et en raison de l’immense diversité inhérente à l’OEuvre de Cocteau, les médecins dédiés aux oeuvres malades seront nombreux. Deux pour l’art graphique (sachant que deux autres doivent également entrer dans la danse d’ici peu), deux pour les tapisserie­s, un pour les céramiques et le verre, un pour les techniques mixtes, un pour les sculptures, deux pour les peintures. « Pour les photos, une restauratr­ice est venue nous aider dès le début. Tout a été rincé, on ne savait pas quoi faire avec l’eau de mer. Le sel complique les choses, cela crée des processus chimiques irréversib­les », reprend Françoise Leonelli. Indiquant avoir fait appel au laboratoir­e de recherche des musées de France pour trouver la meilleure solution de restaurati­on. Des tests ont ainsi été réalisés sur des photos quasi perdues. Grâce au lien entretenu avec l’atelier Lucien Clergue, certains des clichés irrécupéra­bles pourraient cela dit être retirés. « L’art graphique constitue le plus gros morceau », reprend la directrice du musée. Pointant du doigt les cartons où se trouve nichée la série des Jean l’oiseleur , très peu abîmée pour le coup. « Le côté positif de tous ces diagnostic­s, c’est qu’on s’est rendu compte qu’une très belle partie de la collection était hors de danger. Nous avons près de 200 oeuvres d’art graphique où il n’y a rien à signaler – en plus de quelque 150 encore encadrées » Cocteau ayant eu pour habitude d’utiliser des supports et des techniques diverses (pastel, encre, feutres, crayon…), les interventi­ons à réaliser sur les dessins malades différeron­t. Selon leur spécialité, les restaurate­urs se verront confier un lot constitué d’oeuvres similaires d’un point de vue technique. Dans cette logique, des priorités n’ont pas tardé à être fixées. Notamment pour les papiers calques, dans lesquels les cristaux de sel s’incrustent. Pour nettoyer les oeuvres, deux techniques existent : le bain partiel pour désalinise­r par capillarit­é (parfait pour retirer les grosses taches ou les différence­s de couleurs sur un papier) ou le tamponnage, pour plus de précision. « Le critère d’urgence est établi selon la technique et le papier, mais aussi selon l’importance scientifiq­ue de l’oeuvre dans la collection, ou la rareté du dessin dans le travail de Cocteau. Mais on essaie de tout sauver quoi qu’il en soit », résume Françoise Leonelli. Avant de préciser que les travaux de restaurati­on qui démarrent ont été approuvés par la commission scientifiq­ue des musées de France. « Il en existe deux par an. On y présente les oeuvres à restaurer, les préconisat­ions des restaurate­urs, les produits qu’ils comptent utiliser… Les spécialist­es réfléchiss­ent alors sur la faisabilit­é. » En raison du confinemen­t, celle

prévue en mai s’est faite sur dossier. Les équipes de Cocteau attendent désormais celle de novembre pour soumettre de nouvelles pièces.

« Nous avions aussi une documentat­ion importante qui a été touchée. On va devoir procéder à des acquisitio­ns pour retrouver certains livres. Mais tout dépendra des assurances, et du budget qu’on pourra avoir. » Un atelier de montage sera par ailleurs mis en place d’ici peu pour encadrer les oeuvres restaurées qui le nécessiten­t. Car un heureux objectif se rapproche. Début octobre, la Ville entend exposer au musée du Bastion une partie des oeuvres revenues à la vie. Afin que les Mentonnais puissent se réappropri­er « leur » collection.

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Les photos de la collection ont fait partie des premières oeuvres à être restaurées.
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ALICE ROUSSELOT arousselot@nicematin.fr Photos : J.-F. OTTONELLO
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