La revanche de Blanquer
Fini le port du masque systématique, les récrés sous haute surveillance, les effectifs riquiqui dans les classes et la distanciation physique en maternelle. Le protocole sanitaire de soixante pages qui encadrait, depuis le mai, le fonctionnement des écoles et des collèges ne sera plus qu’un lointain souvenir dès lundi. Les nouvelles règles du jeu, enfin arrêtées mercredi à heures, vont dans le sens de ce que souhaitait ardemment Jean-Michel Blanquer : le retour à la normale dans les établissements scolaires. Une victoire pour ce poids lourd du gouvernement qui a pourtant accumulé contrariétés et difficultés pendant la crise. « Il y a un peu plus d’un mois, on me traitait quasiment d’assassin d’enfants parce que je voulais renvoyer les enfants dans les classes », confie en coulisses le ministre de l’Education qui se présente volontiers comme « un avocat inlassable du retour des enfants à l’école ». Agacé par la « mémoire courte » de nombreux responsables politiques qui avaient crié au scandale avant le
mai, Jean-Michel Blanquer a avalé son lot de couleuvres. Il ne s’en cache pas, il a mal vécu l’annonce de la fermeture des classes le mars par Emmanuel Macron, alors qu’il jurait ses grands dieux, quelques heures plus tôt, qu’il n’en serait pas question. « Je me suis retrouvé en porte-à-faux », concède l’intéressé, pas à un euphémisme près. Opposé à la fermeture des établissements, le ministre s’est battu, y compris contre Edouard Philippe, pour que le système scolaire sorte le plus rapidement possible du confinement.
« Le Président a pris un très gros risque en annonçant la réouverture des écoles. Les faits lui ont donné raison », assure le ministre de l’Education, ravi de s’autocongratuler au passage. Lundi, le retour à la normale sonnera comme la répétition générale d’une rentrée que Jean-Michel Blanquer imagine déjà réussie. Elle le sera d’autant plus de son point de vue qu’il aura été confirmé dans son rôle de premier prof de France à l’issue d’un remaniement attendu dans les prochains jours. Ce premier de la classe espère bien tenir sa revanche. Irrité par la « campagne médiatique » dont il estime avoir été l’objet, il n’a pas supporté la menace, évoquée à un moment, de poursuites judiciaires pour mise en danger des enfants.
Lui n’aura pas la mémoire courte.
« Il ne s’en cache pas, il a mal vécu l’annonce de la fermeture des classes le 12 mars par Emmanuel Macron. »