Monaco-Matin

Air France : l’attente avant la grogne ?

Des milliers d’emplois menacés. Mais à Nice, les syndicats attendent le 3 juillet et les annonces officielle­s pour s’exprimer

- ÉRIC FAREL efarel@nicematin.fr

Le personnel d’Air France est sur des charbons ardents en attendant l’annonce officielle, le 3 juillet, par la compagnie, d’un plan de départ qui, ainsi qu’une source syndicale l’a révélé en milieu de semaine, pourrait toucher plusieurs milliers d’emplois dans toutes les catégories. Selon cette organisati­on, en effet, ce sont entre 8 000 et 10 000 postes qui pourraient être supprimés, ce qui représente 15 à 20 % des effectifs. La catégorie la plus exposée est celle du personnel au sol avec un chiffre avancé de 6 000 disparitio­ns de postes, alors que 2 000 emplois seraient menacés chez les hôtesses de l’air et stewards ainsi que 300 chez les pilotes.

Le gouverneme­nt trace la ligne rouge

À l’appui de ces chiffres, le syndicat SNGAF a fait savoir « qu’un sureffecti­f de 1 800 postes » a été évoqué au sein du personnel navigant (hors pilotes) alors que le mois dernier, FO avait identifié « 1 800 postes visés par la direction, dans les fonctions supports ».

Hop, la filiale d’Air France, pourrait, elle aussi, largement pâtir de la situation économique actuelle, et l’on y redoute la suppressio­n de la moitié des 2 700 emplois qu’elle représente. Outre l’émoi qu’elle suscite au sein de la première compagnie française, cette annonce ne manque pas d’attiser les commentair­es, l’État venant tout juste de voler à son secours en injectant quelque 7 milliards d’euros sous la forme de prêts garantis qui vont cependant devoir être remboursés. Un soutien défendu, hier, sur France Inter, par le ministre de l’Économie pour qui «la compagnie doit renouer avec les bénéfices. Si, demain, Air France fait faillite, a-t-il ajouté, ce sont 7 milliards qui partent en fumée et dont je suis responsabl­e. » Bruno Le Maire, qui n’a pas confirmé les chiffres évoqués plus haut, a toutefois exprimé un voeu : « Je souhaite que moins de 8 000 postes soient concernés, et – c’est cela la ligne rouge importante – qu’il n’y ait pas de départs contraints. » Mais il a aussi estimé ces ajustement­s « nécessaire­s parce que

l’activité ne redémarrer­a pas du jour au lendemain et que les pertes ont été très importante­s au cours des derniers mois ».

Mutisme des syndicats

Dans notre région, où Air France emploie plusieurs centaines de personnes dans les aéroports de Nice, Toulon-Hyères, mais aussi dans des services commerciau­x et au centre informatiq­ue de Valbonne, l’émoi est évidemment bien réel. Reste que les syndicats attendent d’en savoir davantage pour évoquer la question. « Sans communicat­ion de la direction sur ces chiffres et sur la stratégie, nous ne souhaitons pas nous exprimer. La direction nous a confirmé qu’elle nous informera le 3 juillet », nous disaient, hier, Christophe Malloggi, représenta­nt syndical FO, et Loïc Roméo pour la CFDT.

Et à Hyères, c’est en off que les langues se délient. L’une des treize hôtesses au sol nous rappelait « qu’avant la crise, le personnel Air France de Toulon devait de toute façon disparaîtr­e pour être remplacé par des salariés de Vinci, cela à l’échéance fin mars 2021. On sait donc qu’il va y avoir un redéploiem­ent, qui était prévu sur Nice ou Marseille. La question aujourd’hui, est de savoir si cela est toujours d’actualité ou si on nous proposera d’intégrer, comme on en a entendu parler, un service clients au bout d’un an de formation. Tout est en stand-by. ».

Notons que l’aéroport Toulon-Hyères accueille pour l’instant deux vols Air France par jour, chiffre qui devrait grimper à trois ou quatre en juillet-août.

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(Ph. L. M.) Le personnel d’Air France en saura plus sur son sort début juillet.

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