Le sport remboursé par la sécu ?
L’arrêté d’autorisation vient d’être publié au J.O. : le projet « As du coeur » est lancé. Il expérimente la prise en charge par l’Assurance maladie de l’activité physique en post-réadaptation cardiaque
Après le sport sur ordonnance, le sport « remboursé » par la sécu. Non, il ne s’agit pas d’un voeu pieux, mais bel et bien d’une expérimentation promue par Azur Sport Santé (A2S) centre de ressources, d’expertise et de promotion du sport-santé pour la région Sud-Provence Alpes Côte d’Azur.
Tout commence fin 2014, avec l’étude scientifique « As du Coeur » initiée par Stéphane Diagana, entouré d’un comité de pilotage pluridisciplinaire associant le monde du sport, celui de la santé, de la recherche (1). Objectif de l’étude : évaluer les bienfaits d’un programme d’activité physique adapté (APA) chez des personnes atteintes de pathologies cardiovasculaires. « Après un prétest de 4 mois sur une dizaine de patients de l’hôpital privé gériatrique Les Sources (HPGS) à Nice, nous avons conduit une étude plus large auprès de 50 personnes atteintes d’insuffisance cardiaque ou maladie coronaire domiciliées dans les Alpes-Maritimes et affiliées au RSI. Un des objectifs de ce programme était d’accompagner et encadrer les patients afin de les rendre autonomes dans la pratique de l’activité physique avec tous les bénéfices qui lui sont reconnus », résume le Dr Alain Fuch, président d’A2S.
Pour une durée de trois ans
En réalité, les promoteurs de l’étude vont aller bien au-delà en confirmant qu’une telle pratique réduit les facteurs de risque cardiovasculaire, diminue les rechutes et le risque d’aggravation des pathologies cardiaques et améliore enfin les capacités physiques et la qualité de vie. Ils vont par ailleurs montrer que les malades cardiovasculaires qui respectent les consignes ont une consommation de soins réduite de 30 %. « Cela inclut la consommation de médicaments, les consultations médicales, et les hospitalisations. » Tous ces bénéfices ayant été démontrés, il restait néanmoins à lever un dernier frein : le financement. « Si chacun s’accorde à reconnaître les bienfaits de l’activité physique, un programme encadré, hors hospitalisation, respectant un protocole thérapeutique a un coût qu’un certain nombre de patients ne peut assumer », argue le Dr Fuch. C’est dans ce contexte qu’A2S a eu l’idée de sortir la carte « article 51 », un dispositif prévu par la loi de financement de la Sécurité sociale 2018 qui permet d’expérimenter de nouvelles organisations en santé reposant sur des modes de financement innovants. Et le centre vient de gagner une première bataille. « Selon un arrêté paru au Journal officiel ce 31 mai, l’expérimentation pour le financement du programme « As du coeur multicentrique » d’activité physique adaptée pour les patients cardiovasculaires est autorisée pour une durée de trois ans à compter de la prise en charge du premier patient », se réjouissent le président d’A2S et sa cellule de pilotage (2).
Vers une généralisation ?
Les patients participant à cette expérience pourront ainsi bénéficier d’un programme de 5 mois associant activité physique adaptée et accompagnement à un engagement durable entièrement pris en charge par l’Assurance Maladie. Concrètement, « la séquence de soin sera proposée au patient dès son entrée en réadaptation cardiaque et interviendra dès la sortie du service de SSR (Soins de suite et de réadaptation). Elle comprend un bilan médical, une concertation cardiologue-médecin traitant, une consultation du médecin traitant avec prescription de l’activité physique adaptée, un programme passerelle avec évaluations initiale et finale, et une consultation de suivi par le médecin traitant. Le cardiologue constitue ainsi le point d’entrée dans le dispositif. Il reste tout du long en lien avec le médecin traitant. » Cinq SSR expérimentateurs du dispositif ont été sélectionnés en PACA (parmi les 10 qui participeront en France), dont un dans le Var (hôpital Léon Bérard à Hyères), et trois dans les AlpesMaritimes (Les Sources à Nice, La Maison du mineur à Vence, hôpital privé A. Tzanck à Mougins). « Les A.-M. sont le seul département où tous les patients cardiovasculaires auront accès à cette expérimentation. »
Les premiers patients seront inclus à la fin de l’année. Et si l’expérience est concluante, elle pourrait être entérinée et généralisée, voire ensuite élargie aux autres malades chroniques pour lesquels les bienfaits de l’activité physique ont été démontrés, comme le cancer et le diabète.
1. Le comité de pilotage comprend : Diagana Sport Santé, le département de Santé publique du CHU de Nice, le laboratoire Motricité humaine expertise sport santé de l’Université Côte d’Azur, le laboratoire d’Économie et de sociologie du travail-CNRS-Université Aix Marseille, l’hôpital privé gériatrique Les Sources et la direction du service médical RSI Côte d’Azur. L’étude a par ailleurs bénéficié notamment du soutien de l’ARS PACA et de Malakoff Humanis.
2. La cellule de pilotage est composée d’Odile Diagana, du DrNoémieFerré(coordinatricesd’A2S)etduDrPascaleLicari (ARS-Paca).