Pistes cyclables : toujours plus intra-muros… et jusqu’à Nice ?
Alors qu’une nouvelle piste cyclable relie Fontvieille au port Hercule, l’État étaye ses ambitions en termes de mobilité douce et augmente l’offre de vélos
ÀMonaco, la transition écologique est une réalité pluriforme. Une volonté princière mais certainement pas une lubie, encore moins une manoeuvre électorale. Doucement, mais sûrement, les moyens de mobilité douce gagnent ainsi du terrain. « Ce n’est pas évident car le territoire est petit et contraint, admet Marie-Pierre Gramaglia, conseiller de gouvernementministre de l’Équipement, de l’Environnement et de l’Urbanisme. Privilégier une utilisation conjointe de l’espace public n’est pas facile. D’ailleurs, on a pu voir les problèmes qu’il y a dans les villes voisines. Beaucoup de maires ont mis des pistes cyclables en place durant le Covid et les enlèvent petit à petit à Nice, Cannes ou Antibes. »
« Le but n’est pas de les laisser quinze jours »
À Monaco, depuis jeudi, une nouvelle piste cyclable est matérialisée depuis le pied du Centre commercial de Fontvieille jusqu’au quai Antoine-Ier. 300 mètres linéaires qui forment « les prémices de pistes qu’on est en train de chercher un peu partout dans Monaco ». « Le but n’est pas de les laisser quinze jours et de les enlever, le but c’est vraiment qu’elles restent. Mais on suivra quand même les réactions qu’elles suscitent et leur utilisation au quotidien. » À commencer par la question de la sécurité face à ces nouveaux usages.
Vendredi, quelques minutes ont suffi à constater qu’une partie des automobilistes avaient tendance à mordre dangereusement sur la piste dédiée aux vélos et trottinettes. «On va communiquer beaucoup et la Sûreté publique travaille avec nous ,assure le conseiller. Le problème, c’est qu’on n’a pas la place de délimiter avec des plots. Ce n’est pas envisagé pour l’instant. »
L’occasion de rappeler que, depuis le mois de février, le port du casque est obligatoire jusqu’à 18 ans à vélo et trottinette en Principauté, et que le service MonaBike est accessible dès 14 ans. Au total, 2,4 km de voies partagées sont ouvertes à la circulation, dont 1,7 km de couloirs de bus.
Car c’est l’autre nouveauté issue d’un arrêté municipal. Vélos et trottinettes peuvent désormais emprunter la chaussée et les couloirs de bus. Les chauffeurs de la Compagnie des Autobus de Monaco ont d’ailleurs été sensibilisés, comme les enfants continueront à l’être en milieu scolaire.
Une autre Dorsale ?
En attendant la livraison de la nouvelle station balnéaire du Larvotto
(*) et son kilomètre de piste cyclable, en 2021, d’autres tronçons sont programmés. « Partout où on pourra en mettre, on en mettra. »
Quitte à s’affranchir des espaces disponibles sur les voies existantes. « On se laisse toute liberté. Il y a plusieurs possibilités de trottoirs un petit peu moins larges ou de voies qu’on peut enlever. On est en train de réfléchir avec la Sûreté publique et d’autres institutions comme l’Automobile Club de Monaco. »
Et l’imagination est sans limite ! « Pourquoi pas une piste cyclable audessus de la voie rapide ? Une autre Dorsale qui pourrait traverser Monaco. Pourquoi pas aussi des contreallées sur le port ? Il y a aussi le stationnement en surface, mais il faudrait trouver 1 400 places en parking pour compenser la perte en surface. » Sans compter les aires de livraison indispensables aux commerçants.
Un espace public à redéfinir «aucas par cas », tout en changeant les moeurs. « Il n’y a pas de solution magique et l’équilibre de circulation est fragile. Il y a des voies, des tunnels, la Dorsale, tout ce système très ingénieux mis en place en sous-terrain dans Monaco mais, dès qu’il y a un grain de sable, tout s’enraye sur 2 km2. » Et plus que des rustines, un changement de braquet s’impose.