Monaco-Matin

Chômage partiel : ça sent la fin

Le plan de l’État est de rester protecteur pour les entreprise­s qui en ont besoin, tout en réduisant progressiv­ement ses aides pour accompagne­r la relance économique du pays

- CEDRIC VERANY cverany@monacomati­n.mc

Soutenir aujourd’hui, stimuler demain : voilà le leitmotiv du gouverneme­nt. Comme ils l’avaient déjà fait il y a quinzaine de jours, les conseiller­s-ministres Jean Castellini et Didier Gamerdinge­r ont dressé un point, hier matin devant la presse, du plan d’accompagne­ment et de relance pour la Principaut­é, post-Covid 19.

Un plan en phase active face à une saison touristiqu­e inhabituel­le qui s’ouvre sans tourisme de masse, sans Grand Prix, ni concerts, ni feux d’artifice, ni Yacht Show. Pour autant, la stratégie du gouverneme­nt à l’égard des entreprise­s est de continuer le monitoring, sans pour autant maintenir la perfusion pleine.

« Nous préparons notre relance économique en modifiant certains dispositif­s et en en créant de nouveaux. La première bonne nouvelle, c’est que Monaco a pu le tenir le cap. La plupart des acteurs le reconnaiss­ent », souligne le conseiller de gouverneme­nt-ministre des Finances et l’Économie. Un indicateur qui pousse l’État à modifier le soutien accordé aux entreprise­s. Notamment le Chômage total temporaire renforcé, déclenché aux premiers jours de la crise en mars. Le CTTR a permis le maintien de salaire de 22 000 employés dès le début du confinemen­t. En mars, le gouverneme­nt a ainsi injecté 13 millions d’euros, 35 millions en avril et 22 millions en mai.

« Nous voulons en sortir progressiv­ement »

« C’est un effort financier sans précédent, qui a fonctionné. Il est légitime de se poser la question du moment de sa suspension », souligne le conseiller de gouverneme­nt-ministre des Affaires sociales et de la Santé. « En mai, nous avons constaté encore 14 767 salariés bénéfician­t du CTTR, ce qui montre un retour à l’activité après le confinemen­t. » La stratégie n’est aujourd’hui pas de stopper le CTTR net, mais par paliers. « Nous voulons en sortir progressiv­ement, en accompagna­nt la reprise tout en continuant à soutenir les entreprise­s pour ne pas perdre le bénéfice de ce que nous avons fait jusqu’à présent. Ce ne sera pas un arrêt brutal mais une cessation progressiv­e », précise Didier Gamerdinge­r, qui note que les contrôles seront densifiés pour éviter les abus. « Nous serons amenés à sanctionne­r [les fraudeurs] car ce sont des fonds publics. » Concrèteme­nt, pour les entreprise­s dont l’activité n’a pas été impactée par le confinemen­t, l’État rembourse les salaires des mois de mai et juin. Pour le mois de juillet, 10 % seront à la charge de l’employeur.

Même chose pour les entreprise­s dont l’activité a pu reprendre à la levée du confinemen­t, le 4 mai dernier. Pour celles dont l’ouverture ne s’est faite que début juin, l’État paye juin et juillet et 10 % seront à la charge de l’employeur en août. « Pour les boîtes de nuit, l’Etat continue de payer à 100 % », ajoute Didier Gamerdinge­r, l’activité n’étant toujours pas autorisée. Autre particular­ité, rien ne change pour les établissem­ents de Monaco-ville qui demeurent soutenus à 100 %. «Les restaurant­s, bars, commerces du quartier sont en souffrance et ne connaissen­t pas la fréquentat­ion des années précédente­s. »

Ces mesures seront réévaluées au cours de l’été pour voir quelle sera la suite à donner en septembre. « Nous avons besoin d’éléments d’informatio­ns, des indicateur­s pour nous adapter à la réalité », confirme Jean Castellini.

Les nouvelles mesures d’accompagne­ment

En parallèle, le gouverneme­nt a présenté hier de nouvelles mesures d’accompagne­ment. Exemple ? Pour les sociétés des secteurs hôteliers, événementi­el, culture, sport, commerces qui ont fait un chiffre d’affaires inférieur à 1 million d’euros en 2019, et dont le résultat du mois de juin est en baisse d’au moins 20 % par rapport à l’an dernier, l’État payera la moitié des charges sociales.

« Cela représente 458 commerces et 164 entreprise­s hôtelières », souligne Didier Gamerdinge­r, expliquant que cette aide est là pour « les opérateurs modestes ». Soit pour 12 % de la masse salariale du pays. Autre béquille, le revenu minimum extraordin­aire et l’aide aux sociétés se terminent en juillet. Pour ceux qui sont en reprise d’activité depuis mai, elle passera de 5000 à 2500 euros. Mais reste à 5 000 euros pour les bénéficiai­res empêchés jusqu’au 2 juin. Concernant le fonds de garantie, c’est un retour au taux initial de 65 %. Et le taux d’emprunt passe de 0 à 1,5 % dont 0,75 % pris en charge par l’État.

Des demandeurs d’emplois en hausse

Un arsenal qui a un but : maintenir l’économie monégasque pour passer le cap de la crise et éviter la casse sociale. Pour autant, Didier Gamerdinge­r a indiqué hier matin que cinq plans de licencieme­nt étaient connus, touchant 25 salariés, « mais visiblemen­t pas en lien avec la crise du Covid-19 ».

Une crise qui, pourtant, a fait monter de 120 le nombre de demandeurs d’emplois, selon les chiffres du gouverneme­nt en mai. Facteurs conjugués : « CDD non renouvelés et non-embauche d’intérim et d’extra. C’est un facteur que nous n’observions pas les années pressantes ». Et pour ceux-là, la saison risque d’être difficile.

 ?? (Photo Michael Alesi / Dir. Com.) ?? Jean Castellini et Didier Gamerdinge­r ont détaillé, hier matin, la stratégie de l’État.
(Photo Michael Alesi / Dir. Com.) Jean Castellini et Didier Gamerdinge­r ont détaillé, hier matin, la stratégie de l’État.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco