Une nouvelle donne pour les centres commerciaux
Parmi les propositions de la Convention citoyenne sur le climat approuvées par le président de la République, celle d’un moratoire sur les zones commerciales a fait grand bruit. Explications...
L’annonce d’Emmanuel Macron posant le principe d’un moratoire sur les nouvelles zones commerciales implantées à la périphérie des villes n’est probablement pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Elle est même venue apporter de l’eau au moulin des maires qui défendent leurs commerces de proximité dans les centresvilles, et de tous les opposants aux projets souvent contestables qui voient le jour un peu partout en France.
Quinze grands projets dans les trois ans
Dans les trois prochaines années, plus d’une quinzaine sont ainsi programmés dans le pays (10 dès cette année), dont certains d’une superficie de plus de 100 000 m². Et parmi eux, le fameux aménagement de l’Open Sky de Valbonne [lire ci-dessous].
Selon le président de la République, qui a donc « retenu » cette mesure proposée dans le cadre de la Convention citoyenne sur le climat, « arrêter la bétonisation, c’est un projet pour rendre notre pays plus humain, au fond plus beau, pour retrouver des commerces de centre-ville et mettre fin à un étalement des logements ».
L’objectif visé par la Convention est de définir « une enveloppe restrictive du nombre d’hectares maximum pouvant être artificialisés ». Plus précisément, il s’agit de réduire par deux cette artificialisation des sols, en l’interdisant purement et simplement dès lors que des réhabilitations de friches commerciales, artisanales ou industrielles s’avèrent possibles. Cela s’accompagnant de mesures coercitives destinées « à stopper les aménagements de zones commerciales périurbaines très consommatrices d’espace ».
Dans la logique des choses, plusieurs projets de centres commerciaux parmi les plus gros envisagés sur le territoire national pourraient donc se voir enterrés. À moins que le moratoire dont parle Emmanuel Macron ne concerne pas ceux qui ont déjà obtenu l’aval des autorités ou qui sont en cours de construction, mais seulement ceux qui n’en sont qu’au stade de l’étude.
Mais si l’annonce présidentielle, dans le contexte pro écologie actuel peut paraître alléchante, il est quand même des voix pour tirer la sonnette d’alarme. Celle d’Yves Puget, par exemple, patron de la revue LSA dédiée à l’analyse des tendances du commerce. Lors d’un face-à-face hier sur RTL avec l’ancienne ministre de l’Écologie, Delphine Batho, il estimait que « ce moratoire est une mauvaise réponse car le commerce n’est que la sixième cause de l’artificialisation des terres. Avant, il y a l’immobilier, le sport, la culture. On construit des stades de foot, des salles de concerts… Bloquer la construction de nouveaux centres commerciaux créera de gros problèmes pour les grandes villes dans dix ans. La population augmente et il faudra bien que tous ces gens aillent faire leurs courses ».
Le débat est ouvert.