Des Tchétchènes déposent plainte contre Estrosi
À Strasbourg, Paris ou au Mans, des procédures ont été engagées pour « incitation à la haine raciale ». Mais à Nice, les représentants de la diaspora se dissocient de ce mouvement
Blessée », « une nouvelle fois stigmatisée », « profondément atteinte par les amalgames du maire de Nice », la diaspora tchétchène riposte. Cinquantaine-trois plaintes pour incitation à la haine raciale ont été déposées contre Christian Estrosi, a indiqué, hier, le procureur de la république de Nice, Xavier Bonhomme, confirmant une information de l’AFP. Il y en aurait « beaucoup plus », prétendent des plaignants.
Dans leur viseur, les propos tenus par le maire de Nice sur le plateau de BFMTV. Le 16 juin, au lendemain des violences survenues à Dijon (Côte-d’Or) et aux Liserons à
Le maire pointe
« les dangers du communautarisme »
Le service de communication de Christian Estrosi confirme qu’il a bien reçu les Tchétchènes le juin. Le maire « leur a réaffirmé qu’il revenait à la police et à la justice de faire toute la lumière sur les faits [survenus aux Liserons], sur les mobiles et d’identifier les instigateurs tout en regrettant un affrontement entre individus issus de communautés différentes. Sans stigmatiser quelle communauté que ce soit, il a condamné avec fermeté de telles opérations punitives qui ne peuvent être tolérées sur le territoire national. Il a insisté sur les dangers du communautarisme contraire à l’esprit de notre Nation ».
Nice-Est, Christian Estrosi avait déclaré que « dans un certain nombre de quartiers de France, la communauté tchétchène, face à d’autres communautés, lutte pour avoir le monopole du marché de la drogue. »
« Indigne d’un homme politique français ! »
« Une accusation totalement dénuée de fondement qui ramène notre peuple aux heures les plus sombres de son histoire ! C’est indigne d’un homme politique français!» , dénonce le journaliste et réfugié politique Adam Dervishev (lire ci-contre).
Une indignation qui a suscité cette vague de plaintes. Venue de toute la France. De Strasbourg, en passant par Paris ou encore au Mans et à Besançon. Mais pas à Nice. Dans la capitale azuréenne, les représentants de la communauté tchétchène, d’abord vent debout, ont appelé au calme après qu’une délégation a été reçue par Christian Estrosi le 17 juin.
Et Éric Ciotti ?
« Les nôtres étaient très fâchés, heurtés. Nous sommes allés demander des explications en leur nom. Nous les avons eues. Le maire a évoqué la possibilité de travailler avec nous, nous attendons ses propositions », retrace Ramzan Magamadov, imam respecté de la communauté qui représente « entre 7 000 et 10 000 personnes dans le département ». « J’ai donné la consigne de ne pas porter plainte », poursuit celui qui est aussi le patron de l’Union des Tchétchènes et Ingouches des
Alpes-Maritimes. Une consigne bien suivie malgré quelques grincements internes : selon une source proche du dossier, aucune poursuite n’a été engagée depuis Nice.
« Le maire de Nice nous a assuré qu’en aucune manière, il ne voulait stigmatiser nos concitoyens et a ouvert la voie au dialogue », abonde Noura Makaïeva, présidente de Caucase France. Elle aussi bat en brèche l’idée de déposer plainte contre Christian Estrosi « mais conseille en revanche de poursuivre Éric Ciotti ». Le député avait notamment déclaré au micro d’Europe 1 : « Ces Tchétchènes qui ont été interpellés sont quasiment tous des demandeurs d’asile (...) . Je ne comprends pas pourquoi on donne l’asile à des personnes violentes et pourquoi on les maintient sur le territoire national ensuite. »