Monaco-Matin

Covid- : quel impact sur l’immobilier à Menton ?

Le marché ne s’était jamais aussi bien porté mais la crise sanitaire a mis un brutal coup d’arrêt aux transactio­ns. Un mois et demi après la fin du confinemen­t, que dit la reprise ?

- MARIE CARDONA ET R.D. mcardona@nicematin.fr

Comme beaucoup de pans de l’économie, le secteur de l’immobilier n’a pas échappé à la crise sanitaire. « L’année 2019 fut une année très dynamique avec un record de ventes à l’échelle nationale. Menton suivait la tendance. Les mois de janvier et février 2020 étaient partis sur les mêmes bases. Le coup d’arrêt n’en fut que plus brutal pour tous les acteurs du secteur », rappelle Florent Raccosta, co-gérant de l’agence « Gim’Seller » et membre de la présidence du groupement Optimal (1).

Baisse de  % des ventes au er trimestre

Selon la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM), le nombre de reventes enregistré­es à Menton au premier semestre 2020 a baissé de 35 % par rapport à la même période l’année dernière (voir ci-dessous).

Après deux mois et demi d’arrêt forcé pour les visites, l’activité reprend. « La reprise a été étonnammen­t bonne, constate Gianni Florio, conseiller immobilier de l’agence Marchetti. Nous avons eu énormément de demandes qui ont débouché sur des visites. Les clients maintienne­nt leur projet d’acheter. En revanche, nous avons de moins en moins de projets de ventes. Ce qui est normal, puisque la période où l’on enregistre le plus de biens à la vente en temps normal s’étend de février à avril. »

La situation économique encore floue pourrait faire évoluer la situation. « L’immobilier étant directemen­t lié au tissu économique local, l’hypothèse est simple : en plus de l’augmentati­on du taux de chômage se faisant déjà ressentir, des ménages vont souffrir économique­ment de cette crise malgré toutes les aides apportées par l’État. Combien vont voir leurs revenus chuter ? Rajoutez à cela l’absence de la clientèle étrangère et le climat général d’insécurité économique, il est probable que le volume d’acquéreurs diminue aussi », souligne Florent Raccosta.

L’été sera déterminan­t pour la poursuite des transactio­ns. «On verra en septembre ou octobre les premières conséquenc­es, selon si les habitants du territoire ont bien travaillé pendant la saison », avance Gianni Florio. Et Florent Raccosta de développer : «Les vendeurs ayant un réel besoin de liquidité – après un divorce, des difficulté­s économique­s ou suite à une succession, – pourraient être enclins à accepter des offres plus basses.» Ceux en revanche, plus fortunés, décideront de retirer leurs biens de la vente « en attendant des jours meilleurs. »

Rush sur les terrasses et espaces extérieurs !

S’il est encore un peu tôt pour se prononcer, les profession­nels s’accordent sur une chose : ils ne croient pas à une baisse significat­ive des prix à Menton, véritable bulle immobilièr­e. « La ville est coincée entre mer et montagne. Il est par conséquent difficile de dégager du foncier. La proximité de l’Italie et Monaco fait de Menton un secteur particuliè­rement attractif pour l’immobilier résidentie­l », détaille Jean-Baptiste Martini, gérant de l’agence Martini et membre du conseil d’administra­tion FNAIM 06. Et la période du confinemen­t a accentué la volonté des particulie­rs d’acquérir un bien avec un jardin ou un espace extérieur. « On n’a jamais eu autant de trafic !, note Sébastien Loffredo de l’agence indépendan­te du « Grand Palais ».

« Autant les gens d’ici que les jeunes retraités, désireux de quitter les grandes agglomérat­ions, nous appellent pour trouver, selon leurs moyens, une villa ou un appartemen­t avec terrasse ou balcon. Ils semblent persuadés de devoir être reconfinés tôt ou tard. Le Covid a un véritable impact sociétal... Nous essayons d’apporter notre aide aux locaux en consentant des offres et des conseils en cette période de reprise...».

Conditions d’octroi des prêts

Dernière inconnue dans l’équation : les banques. « Les primo-accédants et les acheteurs moins fortunés, sans apport, vont souffrir d’un resserreme­nt des conditions d’octroi des prêts et de la légère hausse des taux d’intérêt, estime Florent Raccosta. A contrario les investisse­urs, eux, considèren­t plus que jamais la pierre comme la valeur refuge en temps de crise. » Finalement, c’est la location qui pourrait sortir gagnante de cette crise sanitaire. « Le redémarrag­e s’est fait en douceur mais les locations ont repris un rythme normal désormais, voire meilleur », constate Jean-Baptiste Martini. Et la tendance ne devrait pas d’inverser. « Les clients qui avaient pour projet d’acheter et ne peuvent plus devront revoir leur projet et se tourner vers la location. » 1 - le groupement optimal réunit 16 agences immobilièr­es indépendan­tes installées sur le bassin mentonnais.

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(Photo Dylan Meiffret) Les visites repartent depuis le déconfinem­ent, signe que les clients maintienne­nt leurs projets d’achat. Mais les banques suivront-elles ?

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