Monaco-Matin

Hôtel « Les Jumelles » : le gérant déclaré irresponsa­ble

- JEAN STIERLE

Le délibéré du tribunal correction­nel de Grasse clôt définitive­ment ce feuilleton à rebondisse­ment, concernant en tout cas le sort du gérant de l’établissem­ent qui abritait des logements insalubres. Mais cela, non sans réserver quelques surprises sur la personnali­té du prévenu. Il risquait jusqu’à 7 ans de prison et 200 000 euros d’amende.

Joël, 75 ans se présentait à la barre pour répondre de plusieurs infraction­s, notamment pour avoir exploité l’hôtel malgré une décision de fermeture administra­tive, mais aussi pour mise en danger la vie d’autrui et refus d’exécuter les mesures prescrites pour remédier à l’état des lieux.

« On ne pouvait pas les mettre à la rue »

Tout un programme qui l’a conduit à plusieurs reprises devant la juridictio­n, ponctué par de multiples renvois du dossier pour statuer sur son état mental. S’exprimant d’une voix claire et assis par mesure de confort, il déclinait son identité et assurait que « ses locataires étaient pour la plupart des gens nécessiteu­x envoyés par l’assistante sociale. »

« Mais les locaux étaient insalubres ! Ils payaient 500 euros de loyer mensuels », poursuit le président.

« On ne pouvait pas se permettre de mettre les gens à la rue. Ils sont restés là en attendant de retrouver un logement. Je ne leur ai pas fait payer de loyer », répondait-il.

Coup mortel et proxénétis­me

Au bout des différente­s expertises psychiatri­ques ordonnées, le rapport du médecin concluait à « l’existence de troubles cognitifs et à une détériorat­ion intellectu­elle entraînant l’abolition du discerneme­nt. » Sur son casier judiciaire figurent plusieurs mentions dont 5 ans de prison pour coup mortel avec arme, violence avec usage d’une arme et différente­s affaires de proxénétis­me. La partie civile, la ville de Cannes, représenté­e par Me Amaury Eglie-Richters, s’étonnait « des résultats de l’expertise qui prenait en compte au départ une altération du discerneme­nt avec des troubles modérés. De plus le prévenu a bien continué à percevoir des rémunérati­ons malgré la décision de fermeture. La ville a dû faire murer les accès afin d’éviter que l’endroit soit squatté, entraînant une dépense de 13 460 euros. »

Sous curatelle

Pour le ministère public : « Il faut noter le travail compliqué des experts pour décider de l’état du prévenu au moment des faits. Dans tous les cas, il ne faut pas aller à l’encontre du rapport car une condamnati­on pénale auraitelle un sens ? »

Aux intérêts de son client Me Sophie Rebaudengo admet « qu’il était impossible d’établir un contact, recueillir des informatio­ns cohérentes. Cette personne m’est apparue très fatiguée, avec un alcoolisme important. Sous curatelle, admis en EHPAD, il se croyait encore dans son hôtel. »

Le Tribunal dans son délibéré constate l’irresponsa­bilité pénale de Joël, condamne la SARL ADONI’S, en liquidatio­n judiciaire à 15 000 euros d’amende et à 13 460 euros pour préjudice matériel et 1 euro pour préjudice moral pour la partie civile.

 ?? (Photo Dylan Meiffret) ?? L’hôtel avait été muré par la Ville afin d’éviter les squats.
(Photo Dylan Meiffret) L’hôtel avait été muré par la Ville afin d’éviter les squats.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco