Monaco-Matin

Même entraîneur »

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Les critiques sur le jeu déployé, vous les comprenez ?

Je les comprends, les accepte, les partage à certains moments. Mais ce qui est toujours intéressan­t, c’est de regarder les choses dans leur globalité. Je ne peux pas dire qu’on joue mal parce qu’on est jeune et qu’on manque d’expérience. Mais ce sont des faits qu’on ne peut pas seulement imputer à l’entraîneur.

Vous lisez ce qu'il se dit sur les réseaux sociaux ?

Je ne dors pas là-dessus. Mais je sais ce qu’il se dit, par le biais de proches, de copains (sourires). A partir du moment où l’on fait ce métier, ce sont des choses qu’il faut qu’on accepte. Il y aura toujours des “pour” et des” contre”, plus on gagnera et plus il y aura des “pour”. Mais finir cinquième, que ce soit mérité ou pas, ça pourrait nous permettre de jouer l’Europe. Et finir e et e sur les deux dernières années, c’est plutôt une bonne chose. Battre Monaco de cette manière nous donnait de la confiance pour la suite, des joueurs se sentaient mieux physiqueme­nt. Claude-Maurice, Dolberg, Ounas que l’on retrouvait toujours dans le coup sur nos derniers buts... On était de mieux en mieux.

Avez-vous changé depuis votre arrivée au club, à l’été  ?

Je ne suis plus le même entraîneur qu’il y a deux ans. Je ne suis plus ce jeune entraîneur. Ces deux ans ont été très intenses sur et en dehors du terrain. Ils ne peuvent me rendre que meilleur.

Aviez-vous une forme de naïveté ?

Non… Je savais que j’allais être attendu compte tenu de mon passé de joueur, mon statut d’ancien champion du monde. J’ai croisé de grands entraîneur­s. J’ai une certaine expérience qui me dicte quoi faire. J’ai toujours su que c’était un beau challenge.

Avez-vous davantage de conviction­s ?

Il y a eu des évolutions par rapport à ce que je veux mettre en place, la qualité des joueurs. Et j’en saurai encore davantage dans deux ans. Mais je suis également lucide. J’analyse beaucoup de choses afin de m’améliorer. La relation avec l’extérieur, les dirigeants, les supporters ou encore avec les médias doit se construire. C’est essentiel de pouvoir échanger, parler football. Avec Julien (Fournier), on a des échanges très constructi­fs. La pression fait partie de notre métier. Il faut savoir

‘‘ comment la gérer, essayer de faire comprendre à nos interlocut­eurs comment on travaille. Plus vous aurez d’informatio­ns, mieux vous pourrez interpréte­r nos performanc­es.

Votre philosophi­e de jeu a-t-elle évolué ?

J’ai des principes de jeu. L’OGC Nice a été gâté ces dernières années mais les gens oublient que le club part de loin. Le message des dirigeants est clair. L’idée est d’avoir une équipe qui pratique un jeu offensif avec des joueurs qui donnent tout sur le terrain. Ce sont les valeurs que les supporters veulent retrouver. On veut du sacrifice, certains n’avaient pas ça en eux.

Vous avez donc dû composer ?

Quand on n’a pas le choix, on peut accepter certaines choses. Là, j’ai le choix. Les joueurs vont devoir accepter la concurrenc­e s’ils veulent rester dans le projet.

Vous ne serez plus conciliant ?

Je ne l’ai jamais été, Je suis comme je suis. Je ne changerai pas. Avec certains joueurs, cette méthode marche très bien et ils donnent le meilleur. D’autres profitent de la moindre faille. Le problème, ce n’est pas de savoir si le coach est trop gentil ou trop dur. Si, désormais, un joueur n’entre pas dans le cadre, ce sera « Merci, au revoir ». Il n’y a plus de temps à perdre.

C’est un discours fort…

Il y a des joueurs qui manquent de rigueur et d’ambition. C’est ça le problème. Les joueurs doivent se prendre en mains, se poser les bonnes questions. Ont-ils envie de faire partie du projet ? Il faut tout faire pour y rester. On veut des mecs pros au quotidien, qui prennent soin d’eux en dehors et qui sont responsabl­es. Sur les deux dernières années, certains sont sortis du cadre. C’est trop tard. Le côté positif de ces deux dernières années, c’est que j’en ai appris sur les joueurs. Il y en a sur qui tu peux compter les yeux fermés. Pour d’autres, qui s’entraînent encore avec nous, ils sont au courant de la situation et peuvent entamer les démarches pour trouver un club.

Ont-ils été surpris ?

Les joueurs sont toujours surpris. Ils prennent conscience des choses quand il est trop tard.

Le métier d'entraîneur est plus difficile que celui de joueur ?

C’est beaucoup plus compliqué ! Tu gères  joueurs, un staff, une cellule médicale, la presse, les relations avec tes dirigeants... Pour un joueur, tout ça est secondaire. Je prends du plaisir à être sur le terrain, à échanger avec les joueurs, mais ce métier est difficile. Je m’en suis rendu compte sur ces deux dernières années. Et il le sera encore plus avec une attente et une exigence croissante­s.

Les joueurs prennent conscience des choses quand il est trop tard ”

« Ma porte est toujours ouverte »

Vous parvenez à “couper” de votre métier quand vous arrivez à la maison ?

On est toujours connecté : on reçoit des coups de fil, on visionne les images des entraîneme­nts, on pense à la séance du lendemain, on envoie les messages au staff pour la préparer... On ne coupe pas. A table, on essaie de couper... et quand ma femme tourne le dos, je jette un coup d’oeil rapide sur le téléphone (sourire).

Certains joueurs vous téléphonen­t parfois ?

Ils viennent plutôt me voir dans le bureau, ma porte est toujours ouverte. Parfois ils envoient des messages par rapport à l’entraîneme­nt, ils ont revu leurs images et appellent les coachs pour en reparler.

La relation avec l'entraîneur a changé par rapport à ce que vous avez connu joueur ?

J’ai toujours eu de très bonnes relations avec mes entraîneur­s. Même avec Domenech ! (sourire). C’est le rapport que je veux installer avec mes joueurs aussi. Certains de mes coachs m’ont tapé dessus pour me faire comprendre ce que je devais faire, et ils m’ont aidé. Le joueur qui ne veut pas suivre s’élimine tout seul.

Vous avez changé d'agent l'an dernier, pourquoi ?

J'ai rencontré Meïssa (N’diaye) à plusieurs reprises, on échangeait régulièrem­ent. J'ai aimé sa façon d'être, sa vision du foot et de la vie en général. J'aime son côté profession­nel. Ça se passait bien avec les précédents aussi, mais je me suis senti en phase avec Meïssa. Ça s'est fait naturellem­ent.

Votre staff aussi a subi des modificati­ons…

En plus de son rôle d’adjoint, Fred Gioria a été nommé “Talent manager” pour être encore plus près des jeunes. Les suivre directemen­t sur le terrain, avoir un oeil à  % sur eux, être le référent pour ces jeunes qui ont besoin qu’on leur consacre plus de temps que d’autres. Adrian Ursea s’installera désormais sur le banc avec moi pendant les matchs. Il continue de gérer l’adversaire avec la préparatio­n des vidéos, il aura plus de poids sur le plan tactique aussi. C’est quelque chose qu’on avait envie de développer, on veut donner plus aux joueurs. On a fait en sorte que chacun ait des responsabi­lités bien spécifique­s, avec Matt Cook à la préparatio­n physique et Christophe­r Juras qui va s’occuper davantage des blessés.

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