Le Festival de musique aura bien lieu (et en public)
Les lourdes contraintes liées à la crise sanitaire n’auront pas eu raison de l’événement culturel historique. Si moins de concerts sont annoncés, les innovations sont en revanche au rendez-vous
The show must go on .Àladifférence de bon nombre d’événements estivaux qui se sont résolus à faire une croix sur leur édition 2020, le Festival de musique de Menton aura bien lieu – du 1er au 10 août. Pas sous sa forme traditionnelle, certes, mais avec des variantes tout à fait séduisantes. Davantage tournées vers les nouvelles technologies. «Le Covid-19 n’aura pas eu raison du Festival de musique. Si contagion il y a, alors ce sera par le virus du plaisir musical, introduit le directeur artistique, Paul-Emmanuel Thomas. Nous avons dû redimensionner les choses mais l’important était de rester connecté avec notre famille d’artistes et notre public. Il fallait que l’histoire ne s’interrompe pas. » Seule véritable victime de cette 71e édition au contexte inédit : le festival off, tout bonnement annulé. Mais pour le reste, les contraintes ont conduit les organisateurs à plébisciter des formats inenvisagés jusqu’alors. Et à mettre ainsi un pas de plus dans la modernité.
Dans l’ère numérique
Que les habitués soient malgré tout rassurés : cinq concerts se tiendront sur le légendaire parvis de la basilique Saint-Michel. «On ne savait pas jusqu’à la semaine dernière si nous pourrions avoir du public. Nous avions fait en sorte de monter des projets qui tiennent debout quoi qu’il en soit mais les évolutions en matière de normes sont positives. Les spectateurs seront même autorisés à retirer leur masque pendant le concert », reprend le responsable. Soulignant que des personnes venant ensemble pourront s’asseoir côte à côte. Il suffira de le mentionner lors de l’achat de leurs places. Les sièges de part et d’autre devant être neutralisés, la jauge est ainsi amenée à fluctuer. Les tarifs, eux, demeurent inchangés.
« Nous avons été contraints à modifier la programmation, souligne Paul-Emmanuel Thomas. Parce que certains artistes ne pouvaient pas quitter leur pays (Russie, Brésil…) Et parce qu’il était trop compliqué d’accueillir des orchestres en raison de la distanciation sociale. » Les musiciens invités n’en restent pas moins exceptionnels (lire cidessous).
Première grande innovation de cette édition : le concert de Renaud Capuçon et Kit Armstrong sera capté par une start-up française, NomadPlay, permettant aux musiciens amateurs de jouer avec les deux professionnels. « C’est une sorte de karaoké de la musique classique. Il est possible d’effacer une partie pour la jouer soi. On peut aussi changer le tempo ou les balances pour s’exercer sur un passage difficile », décrypte le directeur artistique. Ajoutant que la technologie s’invitera aussi au Pian pour deux concerts ô combien atypiques. Un système convertira en effet le son produit par un piano – installé au milieu du parc – en signaux MIDI (Musical Instrument Digital Interface). De
sorte que grâce à une borne Wifi, les spectateurs installés tout autour pourront en profiter avec des casques sans fil, dont le prêt est compris dans le tarif (15€). « J’aime l’idée de se retrouver au milieu d’oliviers, emblèmes d’éternité et de renaissance. Alors que beaucoup de choses meurent à cause de la crise sanitaire, c’est un joli symbole », glisse Paul-Emmanuel Thomas. Heureux que cette 71e édition soit celle de la Résistance.