De nouveaux moyens pour du zéro pesticide
Le Département a signé, hier, avec la chambre d’agriculture et 15 organismes professionnels une charte « Vers le zéro pesticide ». Applicable grâce aux expérimentations du CREAM de La Gaude
Les bêtes noires de tous les cultivateurs de plantes, ce sont les ravageurs, les maladies et les « mauvaises herbes ». Les produits phytosanitaires ont longtemps constitué LE remède. Mais ils sont dangereux pour l’environnement et pour l’être humain. S’engager à ne plus utiliser de produits phytosanitaires, oui, mais à condition de disposer d’alternatives naturelles...
Le Cream
C’est là qu’entre en scène le Cream (Centre de recherche et d'expérimentations agricoles méditerranéen, récemment aménagé à côté de l’ex-CREAT) à La Gaude, financé par la Chambre départementale d’agriculture présidée par Michel Dessus, et par le Conseil départemental présidé par Charles-Ange Ginésy. La chambre d’agriculture azuréenne a été la première en France à avoir un tel centre expérimental, et c’est encore le seul pour la Méditerranée.
● Les ravageurs
Les ravageurs sont légion. Il y a les pucerons et les cochenilles, mais aussi les acariens, les thrips, les aleurodes, le papillon « tordeuse de l’oeillet »... Certains sont, en plus, vecteurs de virus.
● Les plantes victimes
Les expérimentateurs du Cream travaillent principalement dans une serre de 2000 m2 divisée en quatre cellules à climats indépendants, en pleine terre et hors-sol. Ils y cultivent des roses, gerberas, oeillets, des strelitzias, violettes, et des fleurs comestibles.
● Moyens naturels
Contre les ravageurs, on connaît déjà les « auxiliaires » naturels, comme les coccinelles ou les... punaises. Mais il existe aussi des parasites des ravageurs : l’Aphidius Colemani , par exemple, pond à l’intérieur des pucerons et en fait des « momies ».
Les auxiliaires peuvent s’acheter en magasin. Mais il ne suffit souvent pas de les introduire, il faut parfois aussi les faire rester en... leur apportant de la nourriture supplémentaire. Autre moyen de les faire rester : placer des plantes « refuges » au milieu des plantes à protéger. Le CREAM teste ainsi l’inule visqueuse, une plante médicinale, au milieu des rosiers. En parallèle, les mêmes essais sont pratiqués à petite échelle chez des cultivateurs.
Mais les auxiliaires ne sont qu’un pan d’une stratégie globale pour réinstaurer un équilibre écosystémique. On y ajoute la prophylaxie, par exemple en brumisant les plantes ce qui fait fuir les acariens, et favorise un champignon (le Beauveria bassiana) prédateur des thrips.
On se sert aussi de biostimulants qui renforcent naturellement les plantes, grâce à des oligo-éléments ou à des engrais naturels.
Et on complète avec du piégeage (comme la glu à insectes traditionnelle).
● Résultat prometteur
Le résultat ? « Zéro produit phytosanitaire sur les roses », annonce fièrement Serge Graverol, le directeur du CREAM. Un résultat prometteur en 2019, à confirmer toutefois en 2020, la deuxième année étant généralement plus difficile.