Le suicide inexpliqué d’un chef cuisinier varois
Max Callegari, propriétaire du Logis du Guetteur, aux Arcs, a mis fin à ses jours. Un choc pour ses pairs, qu’il avait fédérés pendant 20 ans au sein de l’association des Maîtres restaurateurs varois
La gastronomie varoise a perdu l’un de ses meilleurs ambassadeurs. Max Callegari, chef du Logis du Guetteur, aux Arcs-sur-Argens, a mis fin à ses jours mercredi. Il avait 64 ans.
La nouvelle de sa disparition a créé un vif émoi parmi ses pairs. À commencer par l’un des plus connus, Gui Gedda, le pape de la cuisine provençale. À 88 ans, il est secoué : « Ça me donne des frissons de l’apprendre, confie-t-il. Il m’avait appelé pendant la crise, il n’avait pas le moral, mais je ne l’ai pas senti désespéré. C’était un bon camarade, qui ne disait jamais du mal des autres. Un joyeux luron, avec beaucoup d’humour. J’en parle dans un de mes livres de recettes. On en a fait des choses ensemble… Vraiment, il était pétri de qualités. »
« Un homme de coeur »
Stéphane Lelièvre (Les Pins Penchés, à Toulon) lui rend lui aussi hommage : « C’était un homme de coeur, un bon mec, un copain. J’avais beaucoup d’affection pour lui, nous avions travaillé ensemble dans le cadre de l’association des Maîtres restaurateurs varois. Mais la société a changé : le salarié qui ne vient pas travailler, la pression administrative…
Pour des anciens comme Max, c’était difficile à supporter, il ne se sentait pas bien dans cette société-là. » Son voisin, Sébastien Sanjou (le Relais des Moines, aux Arcs) se souvient : « Quand je suis arrivé tout jeune aux Arcs, c’était une référence. Il a toujours été bienveillant avec moi. C’est très triste. On perd un grand professionnel, un homme de bien qui a beaucoup fait pour notre métier, pour notre région. »
Les raisons de son suicide par pendaison restent inexpliquées. Max Callegari avait mis son établissement en vente depuis quelques années et avait le moral en berne ces dernières semaines selon plusieurs confrères, qui n’ont cependant pas vu venir le drame. Dans la profession, tout le monde dénonce aussi la pression permanente, la violence des clients sur les réseaux sociaux qui peuvent ruiner une réputation en quelques clics, etc.
Un grand professionnel
« Le métier, n’est plus ce qu’il était, témoigne Gilbert Masse, l’ancien propriétaire des Pignatelles, à La Motte, et ami de Max Callegari depuis le lycée hôtelier. Garder son personnel devient compliqué, on fait beaucoup d’heures, les jeunes ne veulent plus de ça. On se fait assassiner sur Internet. Les gouvernements ne nous ont pas aidés entre les contrôles à répétition, les charges, les contraintes et normes infernales. »
La fermeture obligatoire pendant la crise sanitaire n’a probablement pas facilité les choses pour le patron du Logis du Guetteur, qui n’avait pas rouvert après le déconfinement.