Covid : faut-il craindre une 2e vague ?
Des infectiologues du CHU de Nice alertent sur les dangers que peuvent représenter les entrées massives de touristes dans la région, s’ils sont issus de pays où l’épidémie circule encore. Ils craignent l’apparition de nouveaux foyers
Le Covid-19 n’a pas disparu, la prudence reste de mise. C’est, en substance, le message que souhaitent diffuser les Drs Véronique Mondain, cheffe du service d’infectiologie du CHU de Nice et Eric Cua, infectiologue. Avec les vacances, les mouvements de populations vont s’accentuer. Notre région ensoleillée, destination touristique parmi les plus prisées au monde, devrait voir affluer cet été des centaines de milliers de visiteurs étrangers venus du monde entier. La plupart de ces visiteurs ne font plus l’objet de restrictions motivées par la prévention du risque lié à l’épidémie de Covid-19 pour leur entrée sur le territoire métropolitain.
Quatorzaine « volontaires »
Les restrictions ne concernent plus qu’un nombre limité de pays et elles font davantage appel au civisme et au sens des responsabilités des voyageurs, puisqu’elles prévoient une quatorzaine seulement « volontaire ». Or, si la circulation du virus SARS-Cov-2 en France (à l’exception de quelques clusters) – et encore davantage dans les Alpes-Maritimes et le Var – est quasi éteinte, d’autres pays sont encore confrontés à des foyers très actifs.
C’est bien ce qui inquiète les infectiologues azuréens et les incite à prôner la prudence : « L’expérience du Covid-19 a montré qu’il fallait être humble et que l’on ne sait pas tout. Si nous sommes tentés, en fonction des données dont nous disposons, de dire qu’une seconde vague au cours de l’été est peu probable, le risque, lui, de voir apparaître de nouveaux foyers de contamination sur notre territoire, liés à l’arrivée de personnes porteuses du virus, est évident. »
Les professionnels de santé évoquent ainsi des cas de patients diagnostiqués Covid + après leur arrivée en France en provenance d’États où le coronavirus est encore très présent : une recrudescence de cas est ainsi redoutée à Marseille avec l’arrivée de malades du Covid d’Algérie.
Des mesures de précaution
Dans ce contexte, les Drs Mondain et Cua tempêtent : « nous ne comprenons pas pourquoi il n’y a pas de suivi ou de quatorzaine des touristes en provenance de zones à haute densité virale. Il y aurait pourtant des choses simples à mettre en place, des mesures de précautions à adopter, un confinement à l’arrivée sur le territoire, ou au moins, un test PCR à 7 jours. Pour l’instant, la situation est miraculeusement calme chez nous ; cela ne veut pas dire que nous sommes à l’abri. » Par ailleurs, si les touristes sont à ce jour beaucoup moins nombreux que les années précédentes, les moyens de transport, train ou avion, sont à risque en termes de contamination, sachant que le premier facteur de propagation reste la promiscuité. Or, alors que le port du masque est obligatoire dans les aérogares, gares et pendant les trajets, la consigne semble de moins en moins respectée, ainsi que nos équipes l’ont constaté encore récemment (lire par ailleurs).
« Maintenez la vigilance ! »
Le message est donc clair : maintenez la vigilance et les gestes barrières. Et au moindre doute, n’hésitez pas à contacter un médecin. Par exemple, si vous devez recevoir des proches venant d’une zone où le virus circule et qu’ils semblent présenter des symptômes, mieux vaut qu’ils soient examinés avant de poser leurs valises. « Les Français se sont montrés pour la plupart admirables pendant la période du Covid-19, je veux continuer de leur faire confiance aujourd’hui », conclut le Dr Cua.