“RYBO” K.-O. À MONACO
La plainte pour escroquerie tombe à l’eau Yves Bouvier jubile Procédure « déloyale et partiale »
Et dire que tout est parti de là… La Cour de révision (cassation) a confirmé hier l’arrêt rendu en décembre dernier par la chambre du conseil de la Cour d’appel de Monaco, invalidant les étapes procédurales dans l’affaire d’escroquerie opposant Dmitri Rybolovlev au marchand d’art suisse, Yves Bouvier. Pour faire simple, l’escroquerie sur la vente d’oeuvres d’art que le président de l’AS Monaco prétend avoir subie ne sera jamais jugée sur le fond en Principauté !
La faute a des investigations «menées de façon partiale et déloyale pendant toute la durée de la procédure, y compris après l’ouverture de l’instruction, portant ainsi une atteinte substantielle aux droits de la défense et compromettant de manière irrémédiable l’équité de la procédure », selon les attendus de la Cour de révision présidée par Cécile Chatel-Petit.
« Voilà cinq ans que je clame mon innocence »
Un camouflet pour l’oligarque russe dont les avocats, Mes Giaccardi et Temime, qui ont toujours braqué les projecteurs sur cette affaire initiale, ont fait profil bas, hier, par voie de communiqué : « La procédure en cours à Monaco prend donc fin. Cette annulation s’explique par des raisons purement procédurales – et non par une absence de charges à l’encontre d’Yves Bouvier. » À l’inverse, Yves Bouvier savourait sa « victoire totale et définitive à Monaco ». « Voilà cinq ans que je clame mon innocence, et aujourd’hui la justice monégasque m’a enfin donné raison. Je suis heureux, après cinq ans de batailles judiciaires et de campagnes de diffamation organisées par M. Rybolovlev et Maître Bersheda, que la justice monégasque annule l’intégralité des procédures contre moi. »
L’avocat du marchand d’art, Me Luc Brossolet, y allant de son analyse sur le but poursuivi par Rybolovlev en déposant plainte pour escroquerie. « M. Rybolovlev souhaitait artificiellement déprécier la valeur de sa collection dans le cadre de sa procédure de divorce. Il voulait également punir M. Bouvier d’avoir refusé de corrompre les juges suisses de son divorce, et espérait en le jetant en prison avec la complicité des autorités monégasques de l’époque, s’accaparer le port franc de Singapour et sa technologie pour en construire un similaire à Vladivostok. »
« Des contacts occultes »
Si la forme a empêché de juger le fond en Principauté, et que sa principale plainte pour escroquerie est toujours d’actualité en Suisse, Dmitri Rybolovlev se retrouve désormais uniquement en position de défense devant la justice monégasque. Car cette plainte pour escroquerie et blanchiment d’argent déposée en janvier 2015 contre Yves Bouvier et sa présumée complice, Tania Rappo (lire ci-dessous) ,a donné naissance à un autre dossier ô combien plus sulfureux. À l’origine : l’expertise troublante, en 2017, de 8 900 SMS contenus dans le téléphone de Me Tetiana Bersheda, avocate de Dmitri Rybolovlev, dont les échanges avec de hauts dignitaires du pays mettront à jour des soupçons de connivences et déboucheront sur de nombreuses inculpations pour corruption et trafic d’influence.
En ce sens, la décision de la Cour de révision n’épargne pas le clan Rybolovlev en qualifiant Me Bersheda de « directeur d’enquête officieux » qui entretenait des « contacts occultes avec les enquêteurs et le procureur général », bafouait le secret de l’instruction et bernait le magistrat-instructeur.
Une affaire tentaculaire en cours, qui a éclaboussé tout Monaco et déjà conduit, notamment, aux départs du directeur des Services judiciaires, Philippe Narmino, et du chef de la police judiciaire, Christophe Haget.