Les défis des 4e Rencontres de la transition énergétique
Les 4e Rencontres de la transition énergétique ont mis en lumière des acteurs publics et privés, dont les actions ou innovations s’inscrivent dans un objectif ambitieux : la neutralité carbone en 2050
Covid-19 ou non, l’ambition du gouvernement princier en termes de transition énergétique n’a, semble-t-il, pas bougé d’un iota : atteindre la neutralité carbone à l’échéance 2050. Ce qui, il y a quelques décennies, pouvait paraître un dessein chimérique ne l’est plus, tant la réglementation locale évolue sérieusement pour réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. À Monaco, on le sait, les secteurs du transport routier, du traitement des déchets et de la dépense énergétique des bâtiments représentent 90 % des émissions du pays. En parallèle, les initiatives dites « responsables » – privées comme publiques – fleurissent ici et là. Portées par la dynamique Mission pour la transition énergétique (MTE) qui organisait, hier, les Rencontres de la transition énergétique, quatrième du nom. Voici ce qu’il faut en retenir.
■ Le télétravail dans l’Administration : de 22 télétravailleurs en 2019 à… 1 300 pendant la crise
« Le Covid-19 a, aussi, eu un impact positif : le virus nous a fait faire deux pas de géant sur le télétravail et la dématérialisation. C’est un gain pour l’environnement. Deux jours de télétravail, c’est 10 % en moins de son impact carbone individuel », introduit Annabelle Jaeger-Seydoux, directrice de la MTE. Moins de pollution, donc, et un mieux-être certain pour les pendulaires, habitués à perdre de l’énergie dans les embouteillages aux portes de la Principauté. Frédéric Genta embraye : « Souvent, on pense que le numérique et l’écologie ne font pas bon ménage. A Monaco, on a une conviction inverse », insiste le délégué interministériel en charge de la transition numérique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2019, 22 à 25 agents de l’État testaient le télétravail. Plus de 1300 ont dû travailler confinés à domicile, par écrans interposés, pendant la crise sanitaire. « On souhaite faire un numérique responsable. Le contraire serait irresponsable. Quand on prend une décision pour un cloud, on s’assure que la technologie utilisée, retenue, soit parmi celles qui consomment le moins. On réfléchit aussi à des outils d’économie circulaire grâce au numérique. » Si le télétravail devrait être développé dans l’administration, « il ne le sera pas dans des conditions aussi larges » que pendant le confinement, a affirmé Marie-Pierre Gramaglia, conseiller de gouvernement - ministre de l’Équipement, de l’Environnement et de l’Urbanisme. En résumé, un juste milieu doit être trouvé par les décideurs.
■ Du béton bas carbone et des « toupies » à moteur électrique
Autre interlocuteur à prendre la parole : un patron du bâtiment. Un secteur polluant, le deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre dans le pays. Philippe Ortelli, également président de la Fédération des entreprises monégasques, a présenté les innovations de l’Entreprise Monégasque de Travaux (EMT), développeur d’un béton bas carbone. « Normalement, produire une tonne de ciment émet 819 kg de C02. Depuis douze ans, nous remplaçons du ciment par du laitier de hauts-fourneaux et des cendres de Gardanne. Nous sommes à une économie de 12 000 tonnes par an de C02 par rapport à nos concurrents de Vintimille et de Nice qui n’utilisent que du ciment », jure-t-il avant de faire une annonce : « Depuis le 1er juillet, plus aucune des 25 toupies d’EMT, qui livrent du béton, ne roule au gasol à Monaco mais, à 90 %, avec un carburant à base de colza français. Les 10 % restants seront en gaz liquéfié. » À partir du 15 juillet, l’entreprise utilisera également deux camions avec une toupie à moteur électrique. Au chargement et déchargement du béton, le moteur thermique du camion sera éteint. Moins de pollution et moins de bruit, donc. Au moins pour les deux camions concernés.
■ Ecoslowasting, le site pour éviter le gaspillage
Début 2019, la Mentonnaise Elisa Alberto a lancé Ecoslowasting. Une plateforme en ligne qui permet d’acheter à bas coût des produits qui, s’ils ne trouvent pas preneurs, seraient jetés à la poubelle. « C’est le premier site d’e-commerce anti gaspillage et multisecteurs. Notre mission : stopper la surconsommation en donnant les moyens de consommer ce qui a déjà été produit », expliquet-elle. Son site – et bientôt son application – met en lien les commerçants voulant écouler leurs produits voués à la destruction (fin de séries, date de péremption proche, produits abîmés, invendus…) et les consommateurs, avides de petit prix ou ayant une conscience environnementale aiguisée. Du gagnantgagnant. Si le concept peut ressembler à une application comme Too Good To Go, il se démarque par le fait qu’il ne se résume pas à l’alimentaire. « Cela peut être des vêtements, un produit high-tech, des fleurs, des jouets, des produits de beauté », confie-t-elle.
70 commerces ont adhéré dont 10 à Monaco. Principalement dans l’alimentaire.