Monaco-Matin

MONACAIR LICENCIE

Trente-deux salariés concernés Un plan social lié à la crise Entre colère et angoisse

- JOËLLE DEVIRAS jdeviras@nicematin.fr

Dans le jargon des directeurs des ressources humaines, on appelle cela un « plan de restructur­ation ». Pour être explicite et sans détours, il s’agit de licencieme­nts en masse pour faire face à la conjonctur­e.

Damien Mazaudier, président de Monacair, a annoncé sa volonté de se séparer de 32 salariés sur un total de 76, dont 70 en contrat à durée indétermin­ée.

Hier, les salariés oscillaien­t entre colère et angoisse quant à l’avenir. De son côté, le groupe Monacair diffusait, en fin de matinée, un communiqué. Extrait : « Malgré les apports en trésorerie réalisés par la maison mère, la cession d’actifs, le support de nos partenaire­s financiers et les efforts de l’État en matière de chômage partiel, le groupe se voit malheureus­ement contraint d’annoncer un plan de restructur­ation [qui] concerne principale­ment les postes d’agents au sol, de billetteri­e et de trafic, de pilotes et le personnel administra­tif. »

Cette annonce n’est pas une surprise pour les salariés qui avaient fait part clairement de leur inquiétude (lire notre édition de lundi 6 juillet, page 2).

C’est donc près de la moitié du personnel qui doit s’apprêter à quitter son poste ; de surcroît dans des conditions minimales. Car si le groupe se dit leader du transport de passagers en hélicoptèr­e en France et à Monaco, si l’entreprise annonce une croissance de 80 % entre 2017 et 2019, Monacair n’aurait plus de marge de manoeuvre du fait de la crise sanitaire et de l’arrêt brutal de l’activité. Les pertes pour l’entreprise seraient de 500 000 euros par mois. « C’est beaucoup en très peu de temps. Sur la période du 14 au 30 juin 2020, Monacair n’a effectué que 62 vols privés contre 367 en 2019, soit moins de 20 % des vols et a, par ailleurs, réalisé 34 transferts entre Nice et Monaco contre 843 en 2019, soit moins de 5 % des vols », mentionne Damien Mazaudier.

Ce qui est proposé aux salariés, c’est donc l’applicatio­n stricte du droit, sans un euro de plus. En clair, un mois de salaire d’indemnité pour un peu plus de deux ans d’ancienneté. Ou un peu moins d’un an de salaire pour vingt ans de boîte.

Héli Sécurité ne chôme pas

Un salarié, qui souhaite rester anonyme, explique : « C’est le choc. Nous ne comprenons pas la stratégie du groupe. 100 % du personnel au sol de Nice et de Monaco est licencié. C’est impossible de faire tourner cette société sans eux. Alors la direction nous explique que les équipes commercial­es vont faire des tâches au sol. C’est irréel évidemment. Nous refusons les conditions de ce plan et surtout sa motivation. Le Covid-19 a certes accéléré la situation mais le virus a bon dos. »

Pour Damien Mazaudier, trois catégories de métier sont touchées : 5 des 25 pilotes, 25 des 37 personnels au sol (chauffeurs, agents d’escales, de billetteri­e, etc.), 2 des 6 administra­tifs. « Les commerciau­x ne sont pas licenciés car ils doivent chercher du business. Ils vont être encore plus polyvalent­s. » Selon les salariés, Monacair se « débarrasse­rait » de ses salariés au profit du personnel d’Héli Sécurité, société française installée à Port Grimaud et détenue par Monacair, audelà même parfois de la durée légale du travail. Et, toujours selon eux, cette volonté aurait largement précédé la crise sanitaire. Damien Mazaudier donne une tout autre version. « Il n’est prévu aucun basculemen­t de la société Monacair vers sa filiale Heli Sécurité. » Toutefois, le président de Monacair explique sa stratégie financière : « Nous sommes obligés de mutualiser. Il faut s’adapter. Avant mars dernier, les salariés étaient informés d’une optimisati­on des vols avec Héli Sécurité. Je n’avais prévu aucun licencieme­nt. Nous avons essayé de maximiser cette optimisati­on. »

Quoi qu’il en soit, le tableau à l’héliport hier était assez surprenant : des salariés de Monacair qui restaient assis à discuter sur un banc, tandis que les salariés d’Héli Sécurité les saluaient chaleureus­ement. Et, quelques mètres plus loin, une navette au logo d’Héli Sécurité qui allait et venait avec les clients.

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 ?? Un plan social dans les plus strictes conditions de départ.(Photo Jean-François Ottonello) ??
Un plan social dans les plus strictes conditions de départ.(Photo Jean-François Ottonello)

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