Vers euros en plus par mois pour les soignants
Après sept semaines de discussions et une séance de tractation de près de onze heures mercredi soir, le ministre de la Santé Olivier Véran et les syndicats sont parvenus à un projet d’accord sur la répartition des 7,5 milliards d’euros promis aux salariés des hôpitaux.
● Pour tous les personnels hospitaliers sauf les médecins
Le document, sur lequel les syndicats devront se prononcer d’ici lundi, prévoit 20 mesures, dont une hausse de salaire de 183 euros net mensuels pour l’ensemble des personnels hospitaliers (infirmiers, aides-soignants, mais aussi agents techniques administratifs) et des Ehpad – à l’exception des médecins (lire ci-dessous). Cette augmentation de salaire, dite « socle », interviendrait en deux temps : une première revalorisation de 90 euros au 1er septembre et une de 93 euros en mars 2021.
● Refonte de certaines grilles, primes et embauches
Le protocole d’accord prévoit également une refonte des « grilles » de salaires pour certains métiers soignants (infirmiers, aides-soignants), médicotechniques (manipulateurs radio) et de rééducation (kinés), de l’ordre de 35 euros nets par mois en moyenne selon le ministère, qui serait bouclée avant le printemps pour une entrée en
application le 1er janvier 2022 au plus tard. De nouvelles majorations sont en outre envisagées pour les heures supplémentaires, ainsi que le travail de nuit, du dimanche et des jours fériés.
Des recrutements sont enfin mentionnés, afin de « couvrir les besoins en effectifs » que les hôpitaux feront remonter aux Agences régionales de santé. Les 15 000 postes évoqués par plusieurs participants (dont la moitié auraient correspondu à des créations de postes et l’autre moitié à des recrutements sur des postes non pourvus) ne figurent toutefois pas noir sur blanc dans le texte.
● Les syndicats plutôt positifs
« On a été au bout de ce qu’on pouvait faire », a réagi Didier Birig, secrétaire général de FO Santé. « Bien sûr, ce protocole n’est pas parfait » mais « 7,5 milliards d’euros, ce n’est pas une petite
somme ». Les syndicats réclamaient initialement une hausse mensuelle de 300 euros net pour l’ensemble des personnels. Mais « d’autres choses » ont été obtenues « en compensation », souligne M. Birig, qui va consulter «sabase» avant de se prononcer. « Même si ce n’est pas suffisant pour rattraper le retard accumulé depuis des décennies », cet accord « a le mérite d’exister », a confirmé son homologue de la CFDT Santé, Eve Rescanières, qui évoque pour sa part « un bon accord ». Un avis partagé par le secrétaire national de l’Unsa-Santé : « On a obtenu des avancées », a insisté Jean-Claude Stutz, qui regrette néanmoins que la mesure « socle » ne concerne pas les établissements sociaux (aide à l’enfance, handicap, centres d’hébergement…).
Patrick Bourdillon (CGT-Santé) a déploré pour sa part qu’une partie de l’enveloppe, de l’ordre de 1,6 milliard d’euros, soit destinée aux établissements privés, qu’ils soient associatifs ou à but lucratif. Cette somme pourrait financer une hausse de rémunération de 160 à 170 euros net pour leurs salariés.