TOURISME MODÉRÉ
Une reprise en demiteinte La sécurité sanitaire séduit Le tourisme de masse est absent
L’année s’annonçait bien. Fin 2019, une campagne intitulée « For You » était lancée sur le marché américain par la Direction du Tourisme. En février, une grosse promotion était prévue sur Air China, avec vidéo et 4 pages couleurs dans le magazine de bord. Tout était aligné pour lancer la machine et attirer les clients à fort pouvoir d’achat. Et puis il y a eu la Covid 19. Le confinement. Le déconfinement partiel, avec limite de déplacement à 100 km. Et enfin le déconfinement. Il a fallu s’adapter, comme l’explique Guy Antognelli, directeur du Tourisme : « Pendant le confinement, la campagne s’est changée de For You à Miss
You» . Une campagne pleine de bonnes intentions, mais sans message commercial direct : « Pendant le confinement, on ne voulait pas envoyer un message commercial ».
On ne brade pas
Aujourd’hui, la campagne reste « Miss You » pour les pays qui restent fermés. Et une nouvelle déclinaison a été trouvée pour les pays ouverts qui se grattent la tête pour définir leur destination de vacances : for more. « On ne veut pas que Monaco se brade. Le but du jeu n’est pas de dire “venez, on vous fait 50 %” » . Et si certains ont eu l’impression que la destination Monaco était vendue au rabais, c’est une question de calendrier : « D’habitude, les chambres les moins chères sont vendues en janvier. Mais cette année, soit on ne les a pas vendues, soit les réservations ont été annulées. Donc, on a vendu les chambres de juillet en juin. » C.Q.F.D.
Pas question donc de brader. Un petit tour sur les comparateurs de prix permet d’ailleurs de s’en rendre compte. Les palaces de la Principauté n’affichent pas de prix barrés pour le week-end à venir. « Nous avons beaucoup mieux maintenu les prix que Nice ou Cannes » analyse Guy Antognelli. Une stratégie assumée: « Le prix va avec une qualité. Si on casse les prix, on n’arrivera jamais à offrir le même service ».
Séduisante sécurité
Ce positionnement favorise donc la venue de clients à fort pouvoir d’achat, pour qui l’image sécuritaire de Monaco est un véritable atout. On ne parle pas ici seulement de sécurité physique, mais aussi de sécurité sanitaire. L’une des raisons pour lesquelles le label Monaco Safe a été créé.
« On a une catégorie de clientèle qui comprend qu’on assume le positionnement Monaco Safe ». Assumée et expliquée, la démarche de protection sanitaire fait déjà l’objet d’une vidéo explicative présentée par la Société des Bains de mer pour ses établissements. Baptisée « Safe in style », et d’une durée de plusieurs minutes, elle ressemble à s’y méprendre aux films de consignes de sécurité diffusés dans les vols Air France. L’idée, bientôt relayée par la direction du Tourisme pour sa propre vidéo, c’est de reprendre « le principe des mesures de sécurité dans un avion. Il ne faut pas faire paniquer les passagers, mais il faut que le message passe » selon le directeur.
Pas de tourisme de masse
Concrètement, toutes les mesures mises en place et les opérations déployées semblent porter leurs fruits. « Au début du mois, nous étions à 25 % de réservations, et au 8 juillet nous étions à 32 %. On sera sans doute sur 40 % à la fin du mois. Nous sommes raisonnablement confiants » . Des résultats particulièrement satisfaisants si l’on considère qu’habituellement, 75 % des visiteurs qui dorment à Monaco viennent en avion. Mais dans ce tableau presque idyllique, il y a un couac : « Aujourd’hui, il manque une catégorie de touristes qui fait vivre une catégorie d’acteurs du tourisme », reconnaît le directeur du Tourisme. Et pour cause : sans bus et sans bateaux de croisières, le tourisme de masse est absent cette année.
En juin 2019, Monaco Parking enregistrait 2 528 cars de tourismes en stationnement. Le mois dernier, il n’y en a eu... qu’un seul. Un phénomène qui illustre parfaitement le malaise particulièrement palpable dans les ruelles du Rocher où fleurissent les magasins de souvenirs.