Monaco-Matin

Un caïd des quartiers Nord marseillai­s exécuté à Toulon

Un trentenair­e est tombé dans un piège dans le quartier Sainte-Musse à Toulon. Ce règlement de comptes pourrait être lié à des affaires marseillai­ses. La situation est très tendue dans ce quartier

- ERIC MARMOTTANS emarmottan­s@nicematin.fr

Ça s’est passé là-bas, faîtes attention à vous .» En désignant l’entrée du parking souterrain de la résidence Le Patio SainteMuss­e, hier matin à Toulon, cette femme est encore toute tremblante. « Moi je n’allais déjà plus au sous-sol depuis qu’il y a eu une agression », ajoute-t-elle avant de tourner les talons. C’est là que Djamel Lekhetari, 35 ans, a été la cible d’un tireur embusqué. Le trentenair­e était le passager d’une voiture conduite par sa compagne, résidente de l’immeuble. Leurs deux enfants et un neveu se trouvaient sur la banquette arrière. « Ils revenaient de soirée », indique une source policière. Il était environ 2 heures du matin.

Une grande brutalité

Le trentenair­e a été criblé de balles. Les cervicales, une partie de la mâchoire et le thorax ont été atteints par des projectile­s de 9 mm. La conductric­e, âgée de 31 ans, areçu« une balle traversant­e ou une balle perdue » dans la cuisse. Il s’en est fallu de peu pour qu’elle soit touchée à la tête : l’appuie-tête de son siège a aussi été percuté. Les enfants n’ont quant à eux pas été blessés. Bernard Marchal, procureur de la République à Toulon, évoquait hier matin une scène « d’une grande brutalité ». Le tireur a ouvert le feu à bout portant – à « vingt à trente centimètre­s » de distance.

Secourus par deux témoins

La marque d’un sang-froid qui tranche avec les tirs aveugles et les rafales parfois meurtrière­s auxquels les habitants du quartier sont malheureus­ement habitués (lire page suivante). Deux témoins ont porté secours aux victimes. Ils les ont emmenées au service des urgences de l’hôpital Sainte-Musse situé à proximité de la scène de crime.

Djamel Lekhetari, admis au bloc opératoire, est décédé des suites de ses blessures à 3 heures du matin. L’antenne toulonnais­e de la police judiciaire (PJ) a été saisie de l’enquête.

La victime est présentée comme une figure du narcobandi­tisme à Marseille. Djamel Lekhetari était considéré comme le chef d’un plan stups dans la cité des Oliviers, dans les quartiers nord de la capitale régionale. Un secteur endeuillé par plusieurs homicides commis dans les années 2010 sur fond de rivalités autour du marché de la drogue.

La piste marseillai­se

Le jeune homme, capable de piloter le trafic des Oliviers depuis une cellule de prison, avait notamment été condamné à huit ans de détention en 2014. Fiché au grand banditisme, il avait été libéré il y a seulement deux mois.

Compte tenu de ce profil, les policiers semblaient privilégie­r hier l’hypothèse d’un règlement de comptes lié aux trafics de stupéfiant­s à Marseille – sans exclure définitive­ment la piste d’un différend local. Hier, le parquet de Toulon n’excluait pas de se dessaisir, en fonction de l’évolution de l’enquête, au profit du parquet de la juridictio­n interrégio­nale spécialisé­e (Jirs) de Marseille.

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Le tireur attendait le retour de Djamel Lekhetari à l’entrée du parking de la résidence où est domiciliée sa compagne toulonnais­e. (Photo Patrick Blanchard)

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