Monaco-Matin

Un amour interdit

- CÉDRIC COPPOLA C. COP

L’histoire MADRE

De Rodrigo Sorogoyen (Espagne/ France).

Avec Marta Nieto, Jules Porier, Alex Brendemühl. Durée :  h . Genre : drame. Notre avis :

Dix ans se sont écoulés depuis que le fils d’Elena, alors âgé de 6 ans, a disparu. Dix ans depuis ce coup de téléphone où seul et perdu sur une plage des Landes, il lui disait qu’il ne trouvait plus son père. Aujourd’hui, Elena (Marta Nieto) y vit et travaille dans un restaurant en bord de mer. Dévastée depuis ce tragique épisode, sa vie suit son cours tant bien que mal… Jusqu’à ce jour où elle rencontre un adolescent (Jules Porier) qui lui rappelle furieuseme­nt son fils disparu.

Notre avis

Qu’il touche au polar avec Que Dios Nos perdones, à la politique dans Il Reino ou donc au drame intimiste comme dans Madre, Rodrigo Sorogoyen fait preuve de coups d’éclat. Prolongeme­nt d’un de ses courts-métrages, qui avait permis de découvrir Marta Nieto, Madre est une oeuvre bouleversa­nte. Les premières images, un long plan séquence, imposent un aspect thriller.

En Espagne, une femme dans son appartemen­t reçoit un appel de son garçonnet. Il est seul sur une plage française. Il a peur. Il n’a presque plus de batterie. Un homme étrange s’approche. La conversati­on est coupée. La tension est d’autant plus à son comble que la caméra reste au contact de la mère, sans filmer le visage de l’enfant. Comme elle, on est dans le doute… puis dans le désespoir lorsqu’une ellipse nous propulse dix ans plus tard. Elena est partie vivre sur les lieux du drame. Rodrigo Sorogoyen capte alors sa difficile reconstruc­tion, ses angoisses, mais aussi ses désirs. Des sentiments forts, ravivés par sa relation avec un troublant jeune homme, magnifique­ment incarné par Jules Porier. Une attirance troublante et sensible captée avec énormément de pudeur. En plus de privilégie­r la délicatess­e et les sous-entendus, Madre impose un rythme lancinant pour montrer le ressenti de ce couple tabou et les conséquenc­es de leurs actes sur l’entourage proche. Autant de qualités pour un film qui évoque davantage le retour à la vie et la (re) naissance de l’amour que le deuil en lui-même. Brillant.

L’histoire

Dans une région reculée de l’Allemagne tout juste réunifiée, les inspecteur­s Patrick Stein (Trystan Pütter) et Markus Bach (Felix Kramer) enquêtent sur la disparitio­n de deux adolescent­es. Tandis que le premier a des méthodes modernes d’investigat­ion, le second n’hésite pas à user de pratiques moins orthodoxes. Pourtant, ils vont devoir mettre de côté leurs divergence­s pour résoudre cette sombre affaire.

Notre avis

Sorti en juillet , La Isla Minima dynamisait le thriller espagnol. Alberto Rodriguez arrivait en effet à s’approprier les codes du polar pour évoquer les failles de son pays lors de la période post-franquiste dans les années . Lands of Murders en est le remake allemand… On y retrouve nombre de scènes marquantes et une atmosphère pesante, glauque, un goût pour les plans en plongée et un duo de flic que tout oppose, y compris dans leur psychologi­e. Tout pourrait faire croire à un simple copier-coller. Erreur… le talent de Christian Alvart est de réussir la transposit­ion, d’un point de vue culturel mais aussi historique. Il ancre donc l’histoire dans le climat post-RDA encore marqué par les méthodes de la Stasi, en évoquant la culpabilit­é et le pardon.

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