« Adieu » aux grands nettoyages dans la nature ?
Très fragilisée par la crise sanitaire, l’association OSE s’apprête à mener de front ses dernières actions dans les Alpes-Maritimes. Cette absence pourrait faire la part belle aux dépôts sauvages
Gravats, matelas, pneus et scooter en pièces détachées. Autant de trouvailles que les membres de l’association parisienne OSE (Organe de sauvetage écologique) dénichent dans notre département chaque année. Depuis vingt-huit ans l’équipe de bénévoles consacre une semaine estivale au nettoyage grandeur nature des déchets jetés de manière incivique. Une mission de premier ordre qui débute ce lundi à Carros – se poursuivant mardi à Saint-Laurent-du-Var, mercredi à Antibes et probablement jeudi aux abords du Loup. Un rendez-vous qui porte toujours ses fruits. Rien que l’an passé, en une seule matinée, les forces vives venues de toute la France ont ramassé cinq tonnes dans la Valmasque à Antibes.
S.O.S. pour la planète
Une pollution cyclique qui, chaque été, ne manque pas de peser lourd sur les bras des ramasseurs et dans les esprits des riverains. Et pourtant, il semblerait bien que cette édition soit la dernière pour l’entité présidée par Edouard Feinstein – très attaché aux Alpes-Maritimes au sein desquelles il a grandi auprès de son père : « Avec le confinement nous avons perdu 70 % de nos partenaires. Alors que nous avons été actifs durant le confinement et avons nous-même réalisé des dons. Clairement je n’ai même pas de quoi payer un apéritif à mon équipe. Chacun doit financer son voyage. J’aimerais terminer dignement cette mission. Nous avons reçu de très beaux témoignages de soutien, même si la moitié des membres fondateurs me conseillent d’abandonner… »Maisça, il ne peut pas. Le bilan des actions menées dans le 06 en dit long sur la nécessité d’une telle mobilisation. À savoir, notamment : 382 tonnes d'ordures retirées de 1993 à 2013 du fleuve Var, 32 tonnes de 2008 à 2019 dans les montages de Carros et La
Gaude entre 2008 et 2019, 30 tonnes ces six dernières années à Roquefort-les-Pins (06) ou encore 33 tonnes dans les bois antibois en onze ans.
Et pourtant : « Nous n’avons pas reçu de réponses de toutes les entités et collectivités. Heureusement que la communauté d’agglomération Sophia Antipolis nous suit toujours et que Carros renouvelle sa subvention. Mais nous venons quoi qu’il advienne. Avec deux fois moins de bénévoles, mais ils sont si motivés. »
Et ensuite ?
Un silence des plus étonnants alors que la question environnementale est revenue en boucle durant cette campagne municipale en deux temps. Alors, ce n’est pas une bouteille à la mer, mais un réel S.O.S – notamment via une cagnotte de financement participatif – que lance le président de l’entité qui célèbre tristement ses trente ans d’existence cette année : « Je serai présent à chaque ramassage, si des personnes, des élus, des entreprises ont envie de nous soutenir, je suis disponible. J’ai écrit à 180 personnes, même à la Fondation Bill Gates. Peut-être que notre message passera. Cela peut clairement faire la différence et nous empêcher de dire adieu à nos actions chez vous… » Une absence qui pourrait clairement peser dans notre paysage puisque si la lutte contre les dépôts sauvages n’a pas de saison, ce combat s’est avéré des plus ténus depuis le confinement : « Avec l’impossibilité de se rendre à la déchetterie, beaucoup ont pris le parti de se débarrasser de leurs encombrants à l’abri des regards. Je ne sais pas encore ce que nous allons trouver sur place mais il est évident que les efforts entrepris ces dernières années risquent d’être fragilisés par cette recrudescence. »
De quoi s’inquiéter quant à l’impact de ces déchets si ces ramassages d’ampleur stoppent net.
■ Pour consulter la cagnotte Leetchi : www.leetchi.com/c/sos-associationose-en-peril Association OSE, 7 Rue Louis Braille, 75012 Paris www.oseonline.fr