Il brave son interdiction de territoire pour être au plus près de sa mère
J’ai 24 ans ! Ma place n’est pas en prison ! Je ne suis pas méchant ! Je suis différent ! Il faut m’aider. Ne me mettez pas en cellule. Soyez clément, car je veux revenir vivre en Principauté auprès de ma mère… »
À la marche (pour respecter la distanciation sociale, même dans un prétoire), le regard de ce jeune musicien est à lui seul un acte de contrition qui suscite de l’émotion. Il sait qu’il doit payer pour une infraction à mesure de refoulement en récidive, notifiée le 1er juillet 2018. Mauvais anniversaire à quelques jours près… où souffle le vent de l’incarcération évidente. Car le 4 mars dernier, il était retrouvé à la station ferroviaire pour la seconde fois où il attendait un train après une rencontre avec sa mère. Comment convaincre que dans un tribunal correctionnel, si l’on juge des faits, on doit d’abord juger un jeune homme ? Comment croire qu’un être au bord des sentiments a décidé de faire allégeance à la justice après lui avoir tourné le dos ? Il veut rompre ses liens délictuels qu’ils traînent comme un boulet ! Il compte sur l’expression de son visage afin d’attirer l’attention des magistrats et les convaincre qu’il regrette son coup de folie. Se repentir.
«Vousavezprisle risque de la prison »
Alors, à l’audience, il clame avec foi sa volonté de rentrer dans le rang pour se rapprocher, se blottir sans interruption au sein de l’amour maternel. Car il ne supporte plus la séparation depuis son point d’attache niçois. « Vous avez été condamné pour détention de stupéfiants et outrages, lui rappelle le président Florestan Bellinzona sur un ton
(*) ferme, mais enclin à la confiance. Le Ministre d’État vous a interdit de territoire. La première fois, le 25 août 2018, vous aviez bénéficié d’une mesure clémente avec deux mois assortis du sursis. On vous avait dit que si vous recommenciez dans un délai de cinq ans vous feriez cette peine plus la nouvelle… Vous avez pris le risque de la prison en étant encore interpellé à la gare de Monaco. Il y a une tolérance si vous êtes dans le train… »
La procureur Alexia Brianti va prendre des mesures conciliantes et rejeter d’emblée une peine qui conduira le jeune musicien à la maison d’arrêt.
« Il a repris sa vie en mains »
« Le prévenu apparaît plein de bonne volonté et conscient de ses erreurs. J’éviterai de requérir une peine d’emprisonnement ferme. Car il a repris sa vie en mains. D’ailleurs, avec un CDI, pareille sanction n’est pas adaptée. À mon sens, il serait accessible au sursis avec un quantum de deux à trois mois. La nouvelle loi n’est pas très claire à ce sujet pour des faits de même nature ou délit. Mais s’il recommence, plus de pitié ! »
La condamnation du tribunal à 500 euros d’amende avec sursis accrochera un sourire sur le visage du prévenu et un « merci » des plus éclatants quand il quitte la salle.