Le Festival de musique s’est réinventé pour son édition
Du 1er au 10 août, faisant appel à des technologies nouvelles, le 71e Festival proposera des concerts en « streaming » et « silent system » et des artistes de haut niveau. Ouverture samedi sur le parvis
Alors que, partout, en France, quantité de festivals ont baissé les bras et mis la clé sous la porte, celui de Menton n’a pas abandonné.
« Ce sera le festival de la résistance », explique son directeur Paul-Emmanuel Thomas. Le nombre de spectateurs sera réduit puisque les grandes tribunes ne seront pas montées cette année. Les gestes barrière, les sens de circulation et le port du masque seront à respecter (nous y reviendrons).
Mais, dans ces conditions, le 71e Festival de musique de Menton aura bien lieu. Ouf ! Et en deux superbes endroits : le mythique parvis Saint-Michel, bien sûr, et la superbe oliveraie du parc du Pian.
Renaud Capuçon, Bertrand Chamayou... et les autres
Et une fois de plus, Menton a visé le haut de gamme en choisissant ses artistes. Il y aura moins de concerts qu’habituellement, mais les mélomanes vont découvrir une programmation presque inespérée en ces temps compliqués...
Il y a ceux que l’on connaît, comme le violoniste Renaud Capuçon, dont la célébrité médiatique égale la qualité artistique – ce qui n’est pas toujours la règle ! – (le 5 août) ou le pianiste Bertrand Chamayou, qui nous avait gratifiés d’un superbe concert il y a deux ans (le 3 août), ou encore la jeune pianiste Marie-Ange Ngucci (le 4 août), qui avait dominé, l’an dernier, la « Nuit du piano ».
Il y a ceux que l’on va découvrir comme la violoniste qui ouvrira, ce samedi soir, le festival, Alina Ibragimova (le 1er août). Aujourd’hui âgée de 34 ans, elle n’est jamais venue à Menton et on l’a peu entendue en France. Elle est issue de cette célèbre École Gnessine des « enfants prodiges » de Moscou et à 13 ans, en 1998, fut choisie pour jouer un concerto de Bach sous la direction de Yehudi Menuhin pour les cinquante ans de la Déclaration des Droits de l’homme à l’UNESCO à Paris.
Il y aura aussi ceux qui « changeront de catégorie », qu’on avait entendus naguère, à Menton, lors des concerts de 18 heures et qui seront programmés sur le parvis. Ce sera le cas du pianiste Alexandre Kantorow (le 10 août) qui – quelques mois après s’être produit au Musée Cocteau – fut, en 2019, le premier Français à remporter la compétition de piano considérée comme la plus prestigieuse au monde, le « Concours Tchaïkovski » de Moscou.
Comme chaque année, on aura droit à une incursion dans le baroque. Elle sera confiée à l’ensemble français le plus célèbre en ce domaine, les « Arts florissants » (le 8 août).
Enfin, hors des sentiers battus, on applaudira un surdoué, le philosophe-compositeur-pianiste-improvisateur Karol Beffa (le 9 août). C’est dans ce quatrième rôle qu’il s’exprimera au Parc du Pian. Et dans le domaine de l’improvisation, tout peut arriver...
Le festival des nouvelles technologies
Le festival a non seulement résisté avec une affiche de très haute qualité, mais il s’est réinventé. Il fera usage de trois technologies modernes : le « streaming », le « silent system » et la captation par Nomad-Play, sur le parvis de la Basilique comme au parc du Pian. Détaillons.
Le streaming. Grâce à la société niçoise De Nay, tous les concerts donnés sur le parvis Saint-Michel seront diffusés gratuitement, en direct, sur le site web du festival. Le concert du 8 août des « Arts Florissants », sera diffusé, lui, sur le site de « Concert Classic », partagé par le Figaro, Diapason, La Croix.
La diffusion se fera grâce à la fibre.
Mais il faudra garder en secours la possibilité de passer sur le réseau 4G. Dans ce but, les spectateurs sur place devront mettre leur téléphone en mode avion, afin de ne pas perturber la circulation du message.
« Silent system ». Ce système, mis au point par une start-up de Milan, permettra d’écouter les concerts du Parc du Pian avec un casque. Des capteurs seront placés sur le piano, les auditeurs recevront le son isolément, chacun pour soi. Troisième technique : Nomad Play. Là, il s’agira d’un enregistrement du concert du 5 août du violoniste Renaud Capuçon et du pianiste Kit Armstrong, à réécouter plus tard, dans lequel… on pourra faire disparaître l’un des deux musiciens ! À quoi cela servira-t-il ?
Les musiciens amateurs, violonistes ou pianistes, pourront jouer chez eux à la place de l’instrumentiste effacé comme s’ils se produisaient sur le parvis Saint-Michel ! De quoi rêver…
Il n’y a pas à dire, la covid aura fait faire un grand pas dans le modernisme au Festival de Menton.