Nice : ouvriers de Vinci bloquent le chantier Ikea
Les salariés s’opposent à un plan social visant 180 postes, soit la moitié des effectifs sur les trois entités de la société Travaux du Midi (Provence, Var et Marseille). Ils sont en grève illimitée
Chantier d’Ikea au point mort hier dans la plaine du Var à Nice, près du stade Allianz Riviera. Site bloqué par 130 ouvriers de Vinci construction, après l’annonce par le groupe d’un plan social : 180 postes seraient supprimés dans les trois filiales Var, Provence, Marseille des Travaux du Midi en Provence. Soit, selon les grévistes, la moitié des 360 effectifs. « Il s’agit d’un plan de départ volontaire, concède un représentant de la CGT, mais si les salariés le refusent, ce sera un plan social. » Les employés qui dépendent de Vinci construction, leader français du BTP, ont appris la nouvelle le 16 juillet. Le plan devrait démarrer après la fin de l’énorme chantier niçois débuté en octobre 2018 et dédié à la construction d’Ikea, le géant du meuble, dont l’ouverture est prévue pour début 2022.
À l’appel de la CGT et de FO, les grévistes parlent de « pressions de la part du groupe et de pères de famille en détresse. » Ils ne comprennent pas : « Le gouvernement et l’Europe proposent un plan de relance économique et ici, chez Vinci, on part sur un licenciement malgré 1 milliard de dividende dégagé par le groupe ! » Le but de l’opération ? Les ouvriers invoquent la volonté « de précariser, petit à petit, la profession avec des intérimaires, plus modulables et moins chers. Or, à Nice, l’activité BTP est en forte hausse. Il y a des chantiers partout et il y a de quoi occuper 180 postes. »
Demain, un CSE (comité social économique) extraordinaire devrait marquer le début des négociations entre représentants de la direction et des personnels. Mais ces derniers n’y croient pas, ne sont pas convaincus par les conditions de départ proposées. Ils promettent donc « de rester en grève tant qu’ils ne seront pas entendus ».
Difficultés financières invoquées
Sur place, hier matin, les responsables de l’entreprise n’ont pas souhaité nous recevoir. En revanche, Vinci construction France nous a adressé ce mail : « Les entreprises Travaux du Midi en Provence connaissent depuis 2016 une dégradation continue de leurs activités, aggravée récemment par la crise sanitaire. Nos prévisions à court et moyen termes ne nous permettent pas de fournir une activité à toutes nos équipes de production malgré les prêts de main-d’oeuvre mis en place en continu depuis trois ans au sein d’autres entités du groupe. D’autre part, le contexte actuel sanitaire a entraîné le report ou la remise en question d’un grand nombre d’opérations, dont certaines significatives. Quatre-vingts salariés ont dû être placés en activité partielle au sortir de la crise sanitaire. Malgré d’importants efforts d’adaptation réalisés par les entreprises depuis 2016, leur chiffre d’affaires a été divisé par quatre. Le plan de réajustement des effectifs [...] prévoit la réduction de 169 postes de compagnons et 15 chefs de chantier sur 524 salariés [...] .La priorité est donnée aux départs volontaires et à la concertation. [...] »