Monaco-Matin

Gisèle Halimi, figure du féminisme, est morte

Son nom restera lié à la défense de la cause des femmes. La cause des femmes, c’était aussi le nom du mouvement féministe qu’elle avait créé en 1971 aux côtés de Jean Rostand et Simone de Beauvoir

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Elle s’est éteinte dans la sérénité, à Paris à l’âge de 93 ans », a déclaré l’un de ses trois fils, Emmanuel Faux, estimant que sa mère avait eu « Une belle vie ».

En 1971, Gisèle Halimi est signataire du Manifeste des 343, avec 342 autres femmes qui déclarent avoir avorté et revendique­nt le droit d’accéder à la contracept­ion et à l’avortement librement. Un an plus tard, elle défend MarieClair­e, 16 ans, ayant avorté après un viol. Cette affaire, emblématiq­ue du combat féministe, lui permettra d’obtenir le sursis pour la mère de Marie-Claire et la relaxe de MaireClair­e elle-même.

Ce procès ouvrira une tribune contre cette loi de 1920 interdisan­t l’avortement et contribuer­a à l’évolution de la société vers la loi Veil, votée en 1974 sur l’IVG. L’histoire de ce procès avait été récemment adaptée par la Comédie française en 2018.

Élue députée de l’Isère (apparentée PS) en 1981, elle poursuit son combat à l’Assemblée, cette fois-ci pour le remboursem­ent de l’interrupti­on volontaire de grossesse (IVG), finalement voté en 1982. Avant de prendre ses distances avec le Parti socialiste après son élection à l’Assemblée.

Militante engagée pour plusieurs causes

En 1998, elle fait partie de l’équipe qui crée Attac (Associatio­n pour la taxation des transactio­ns financière­s et pour l’action citoyenne). Parallèlem­ent à sa carrière d’avocate, elle a mené une carrière d’écrivain. Parmi sa quinzaine de titres, figurent « Djamila Boupacha » (1962), du nom d’une militante emblématiq­ue du FLN, et une oeuvre plus intimiste comme « Fritna », sur sa peu aimante mère (1999), « pratiquant­e juive totalement ignorante ». Mère de trois garçons, dont Serge Halimi, directeur de la rédaction du Monde diplomatiq­ue, elle a confié qu’elle aurait aimé avoir une fille pour « mettre à l’épreuve » son engagement féministe. « J’aurais voulu savoir si, en l’élevant, j’allais me conformer exactement à ce que j’avais revendiqué, à la fois pour moi et pour toutes les femmes » , at-elle dit au Monde en 2011. Dans une longue interview accordée au journal Le Monde en septembre 2019, la nonagénair­e s’étonnait encore que « les injustices faites aux femmes ne suscitent pas une révolte générale ».

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(Photo AFP) Gisèle Halimi s’est éteinte, hier, à l’âge de  ans.

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