Flavia Coelho Rio ne l’amuse plus !
Deux concerts à Vence (demain soir) en sound system et le 29 août au Mas des Escaravatiers à Puget (avec son groupe) pour la chanteuse brésilienne, dansante, charmante, mais engagée.
Dans la chaleur caniculaire de Salernes, au coeur brûlant du Var, Flavia a trouvé son refuge secret. Le studio Vagh de Victor, comparse musicien et manager, est aussi inattendu que propice à l’inspiration. Dehors, les cricris des cigales en écho, parmi les totems et oeuvres céramiques d’Alain Vagh, le père créateur. À l’intérieur, à la fraîcheur d’une belle demeure, les installations sonores conçues par Victor, au nom du fils Vagh, et de la musique aussi. C’est là que la plus frenchie des Brésiliennes a choisi de poser ses guêtres en été, tant pour créer que répéter. Souffler aussi.
« Ici, j’ai une autre vie ! Il y a tellement de bonnes ondes. Il y a le soleil, on mange du bon pain, de l’huile d’olive, des fruits délicieux », s’extasie la belle à la coupe ananas et silhouette sylphide. Avec juste une petite pointe d’accent ondulant dans son français parfait.
« Tout cela me rappelle le Brésil, une ambiance idéale pour inventer de nouveaux titres ».
Avec Paris, la France est devenue sa seconde patrie. Ce qui n’était au départ qu’une escapade au sein d’un groupe de carnaval en 2002, s’est transformé en coup de coeur Capitale. Changement de vie radical, avec son installation en bord de Seine plutôt qu’en bord de plage, en 2006.
« Il y avait beaucoup de musique partout dans les bars et tous les plus grands artistes que j’admirais avaient vécu à Paris, notamment Youssou N’Dour ou Gilberto Gil. Il y a du beau monde quand même ! ». Désormais résidente de Montreuil, la chanteuse a laissé un titre, De Paris à Rio, comme post-scriptum d’amour à ses deux terres d’émotions.
Même si Rio ne l’amuse plus, depuis l’élection d’un certain Jair Bolsonaro. Un suffrage à l’effet « coup de poing » au visage, auquel Flavia, plus rayonnante que militante d’habitude, a riposté par un refrain uppercut. Cidade Perdida (ville perdue) ne lui a pas valu que des amitiés au Brésil, mais Flavia ne se renie pas d’un long cil. Opte même pour un certain « exil ». « DNA est un disque très dur, très engagé, très politique, que j’assume complètement. J’ai reçu des injures, mais j’étais consciente du risque en dénonçant la situation du pays, revendique la carioca, dont la fibre danserait davantage pour l’ex-président Lula. « Malheureusement, il y a toujours eu une frange conservatrice au Brésil, et Bolsonaro incarne leurs voix. C’est pour cela que j’ai pris la décision de ne pas rentrer au pays avant la fin de son mandat ».
« Radio Nova voulait qu’on crée un titre en une seule journée »
Tant mieux pour les spectateurs vençois et pugétois, qui pourront l’écouter cet été. Et se déhancher ! Car chassez le discours politique, et le naturel solaire de Flavia Coelho revient au galop.
Bonne nouvelle (en français s’il vous plaît) fut même consacrée chanson anti-dépression durant le confinement.
« Radio Nova voulait qu’on crée un titre en une seule journée, intervient Victor. La bonne surprise, c’est que le morceau a intégré direct leur playlist et est devenu une sorte d’hymne à la joie »
Rio ne répond plus à ses SOS mais Flavia a du répondant. Bercée par les musiques traditionnelles brésiliennes, mais aussi par Piaf, Aznavour, Gainsbourg (« les K7 de mon père pour faire l’amour ») puis Brel et les Têtes raides, cette Coelho, à l’image de son compatriote Paulo, est aussi une artiste alchimiste. Elle fait son miel de toutes les notes (reggae, electro, pop...) et influences : « Plus je me métisse, et plus je me trouve » .A rendu hommage à Pierre Perret (« un des mecs les plus cools que j’ai rencontré ») et rêve de collaborer avec Stromae. Alors on danse.
Flavia Coelho en concert. Demain soir à Vence : complet. Le samedi 29 août, à 19h 30, au Mas des Escaravatiers, à Puget-sur-Argens. Tarifs : de 13,80 à 25,80 €. Rens. 07.76.58.73.42
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Mon dernier album est très dur, mais j’assume...”