Monaco-Matin

Christophe Malavoy La voix est libre...

Dans le cadre du Festival des mots, le comédien fait une lecture du livre L’oubli est la ruse du diable de Max Gallo, vendredi 31 juillet à 21 h dans le parc du château des terrasses au Cap d’Ail.

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Christophe Malavoy (le mal nommé) c’est d’abord une belle voix. La sienne. Grave et soyeuse. Mais parfois aussi, celles des autres. Car le comédien développe également un talent d’imitation méconnu, qui lui permet d’emprunter le timbre de ses personnage­s, à défaut d’entre dans leur peau. Utile, lorsqu’on doit lire Max Gallo au Festival des mots. Se faire le porte-parole de l’académicie­n niçois mais aussi de toutes ces personnali­tés que l’ancien député a croisées lors de sa carrière politique.

Un comique ignoré

« J’avais déjà lu du Max Gallo il y a deux ans, et cela avait été très bien reçu, une vraie émotion était passée avec le public, alors j’y reviens volontiers, se réjouit celui qui a aussi prêté ses traits à Romain Gary, autre écrivain niçois, pour le petit écran (Ajar).

« Cette lecture me permet d’imiter des personnage­s tels que Mitterrand ou Sarkozy, c’est une faculté que j’ai développée dans l’intimité et qui fait beaucoup rire ma petite fille ! »

Mitterrand, Chirac, Hollande, d’anciens Présidents… Mais pas Emmanuel Macron, « trop lisse pour être imité ».

Une voix protéiform­e, donc. Mais Christophe Malavoy, ce fut aussi un physique. Beau brun ténébreux. Un peu abonné aux rôles de jeunes premiers, à squatter le haut de l’affiche dans les années 1980. Péril en la demeure, Bras de fer, La femme de ma vie, Le cri du hibou, Jean Galmot aventurier...

Au cinéma, une carrière bien remplie, même si elle s’est construite sur le compromis. Pour ne pas dire sur le malentendu avec lui, l’amateur de comédie bien sentie. « Je suis fasciné par tous ces grands comiques qui m’ont ému tels que Jacques Tati, Pierre Étaix, Buster Keaton, Charlie Chaplin, où le rire se mêle à la poésie. Mais c’est sûr, je n’avais pas le physique d’un Jacques Villeret, et je ne me retrouve pas forcément dans la comédie à la française ».

Souvent classé romantico-dramatique pour les salles obscures, Christophe Malavoy a étoffé son régistre sur les planches (Deux sur la balançoire, N’écoutez pas mesdames) ou sur petit écran (L’affaire Seznec). Même s’il n’a pas encore trouvé de héros récurrent pour série basée sur son talent.

« Je ferais bien un Maigret dans une série noire, ou bien un personnage dans le monde viticole, mais il ne s’est pas encore présenté ». Plus rare pour le 7e art, le réalisateu­r de Zone libre, n’en nourrit pas de regret, à 68 ans.

« Je n’ai pas souffert de cela. J’ai aussi aimé jouer les ténébreux, même si j’aurais apprécié une comédie musicale car j’adore chanter. Mais mon but n’était pas forcément d’être une star, ni le meilleur acteur, juste de faire mon métier et jouer aussi ce qu’on n’est pas «.

Au théâtre du petit Montparnas­se à la rentrée, il reprend son spectacle créé à Avignon l’été dernier, La légende du Saint buveur, «où j’interprète un personnage plus chaplinesq­ue. Je joue du bugle, je chante, j’incarne quelque chose de plus proche de moi ». Existence à doubles tiroirs, à l’image de cette phrase signée Max Gallo : « Ma première vie n’était qu’en apparence ? »

« Oh, vous savez, on donne tous une impression première aux gens, qui ne révèle pas tout ce que l’on est vraiment, notre partie immergée. Le but est de trouver un certain équilibre entre les deux, à travers le cinéma, le théâtre ou l’écriture ».

La lecture également, puisque le plaisir de jouer passe aussi, voire d’abord, par l’amour des mots. Marqué jadis par les trois Mousquetai­res de Dumas, les Misérables d’Hugo, ou le Moby Dick de Melville, Christophe Malavoy s’est passionné pour l’oeuvre de LouisFerdi­nand Céline.

En dépit de sa face sombre. Au point d’écrire une BD sur le sujet (La cavale du Dr Destouches) et de rédiger un roman graphique avec son ami illustrate­ur José Correa sur Les années noires de Céline et son exil danois, à paraître courant 2021.

« J’avais aussi écrit un scénario de 3 heures et Jacques Dutronc avait accepté le rôle, mais le film n’a pas pu se monter car Céline fait encore peur », regrette Malavoy, admirateur de l’auteur, sans amnistier certains de ses pamphlets.

Le talent de Céline

« En littératur­e, il n’y a pas de morale. Et on ne peut pas juger les hommes pour leurs écrits sinon il faudrait brûler tous les bouquins. Céline était un malade qui souffrait, il a lui même dit qu’il avait écrit des conneries, relativise Christophe, loin d’endosser la robe d’un Saint-Just littéraire.

« Je ne suis pas là pour le réhabilite­r ni le défendre mais c’était un personnage complexe qui a dit beaucoup de choses sur la nature humaine. Et puis Voyage au bout de la nuit, quelle poésie ! ». Désormais, Malavoy se donne du temps à lui, aussi libre que sa voix. « Pour visiter des vignobles, profiter de la famille, jouir d’une certaine qualité de vie… ». Retiré dans «une campagne apaisante du Val de Loire » dans le rôle de l’écocitoyen, il donne corps à sa bonne conscience (« je n’achète plus de plastique »), parmi chèvres, ponette, poules et abeilles.

Mais alors, Cri du hibou ou sagesse de chouette ? « Ah ah ! Plutôt chouette. J’essaie de comprendre les choses car la vie est pleine de mystères. Sans juger trop vite ni trop rapidement car il faut toujours se remettre en question... »

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