Monaco-Matin

« Un électrocho­c »

Marqué par sa défaite, en février, au tournoi de Paris, Teddy Riner, double champion olympique en titre des poids lourds, raconte sa période de doutes

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Quel regard portez-vous sur ces dix-huit derniers mois ?

Clairement, c’est l’année la plus difficile de ma carrière, avec tout ce qu’il m’est arrivé, les blessures (côte cassée et hernie au bas ventre fin , ndlr), la défaite (au e tour du tournoi de Paris, face au Japonais Kokoro Kageura), le confinemen­t... Le fait aussi que la catégorie change : ce n’est pas les mêmes adversaire­s que j’ai connus, ils sont de plus en plus jeunes, de plus en plus véloces. C’est ça aussi le jeu, la compétitio­n, le haut niveau, c’est s’adapter.

Le chantier physique était considérab­le...

Quand je vois sur les images la corpulence que j’avais développée, waouh... Je comprends pourquoi mes entraîneur­s me disaient : ‘’Il faut se laisser le temps, il faut perdre du poids’’ Je sentais que j’étais lourd, mais je ne me voyais pas.

Si je m’étais vu, sur la nourriture, tout ça, j’aurais pris plus de décisions beaucoup plus tôt...

Avec le recul, vous dites-vous qu’il aurait mieux valu ne pas combattre à Paris ?

Oui, mais je ne regrette pas.

C’est un mal pour un bien.

Ça me permet de me servir de cette défaite pour bien préparer les Jeux olympiques. Si je veux rapporter cette médaille d’or, je n’ai pas le droit à l’erreur, donc autant se servir de ces informatio­ns et de cet échec pour être meilleur dans l’avenir.

Quel effet a eu cette défaite ?

Ça a été un électrocho­c qui m’a permis derrière de tout réguler, le mental, l’alimentati­on, la préparatio­n physique et mon judo. Pour être champion olympique une nouvelle fois à Tokyo, il faut être bon dans tous les secteurs, même extrêmemen­t bon.

Si je veux cette médaille, il va falloir être encore meilleur que les années précédente­s.

Votre entraîneur Franck Chambily ne s’attendait pas à un confinemen­t aussi studieux de votre part. Et vous ?

Moi non plus ! Je pense que c’est un tout, c’est l’électrocho­c de Paris, le fait que, dans ma tête, il y avait les JO. Et après, il faut rebondir, par rapport à cet échec, mais aussi par rapport au report des JO.

Il faut s’adapter, c’est ce que je continue de faire.

Considérez-vous finalement le report des JO comme un mal pour un bien ?

Oui et non. Quand la pandémie est arrivée, je commençais à être très bien, j’avais fait une grosse, grosse période d’entraîneme­nt, préparatio­n physique et tout, et j’étais en train de monter à mon meilleur niveau. Maintenant, il faut se servir de tout. C’est reculer pour mieux sauter, c’est prendre son mal en patience et se dire : “Tu as plus de temps qui t’est offert, prends-le et deviens meilleur ” .Il faut rester positif. Quoi qu’il arrive, ça ne fait que du bien de s’entraîner.

On ne vous a pas vu aussi en forme physiqueme­nt depuis longtemps... La clé, désormais, c’est la constance ?

Ça fait un moment, oui ! La constance, c’est le maître-mot, pour l’instant je tiens bon, je prends plaisir. Clairement, c’est ça qui fera qu’il y aura cette médaille d’or en , j’en suis persuadé.

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(Photo AFP)

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