Axel Carion, hors normes
Expéditions extrêmes, tracés vertigineux et records du monde... Rencontre avec le fondateur azuréen du BikingMan, une course unique en son genre
Mon rêve ultime, ce serait d’être le premier homme à rouler sur
la lune. » L’impossible, Axel Carion lui tord le cou plusieurs fois par an, en avalant à vélo des distances qui assécheraient le réservoir de n’importe quelle citadine diesel partie avec le plein. Traversée de l’Europe centrale, ascension du volcan Uturuncu en Bolivie et chemin royal des Incas franchi en un temps record sont autant d’exploits à mettre à l’actif de celui qui vient d’avoir 35 ans. Si bien que le parcours reliant Annecy à Nice qu’il s’apprête à effectuer ce mercredi s’apparente à un décrassage dominical. Le cyclisme d’ultra-endurance n’était pourtant pas une évidence pour ce Cannettan qui n’a pas eu de bicyclette avant ses 26 ans. «Le seul trajet à vélo que j’avais fait dans ma vie, c’était pour me rendre dans une boulangerie à Villeneuve-Loubet » ,se remémore Axel Carion. Mais au printemps 2011, un repas entre copains, en apparence anodin, marque un tournant dans la vie de l’Azuréen d’adoption : « Je suis tombé dans une embuscade. Deux amis m’ont proposé de partir faire 1200 bornes à vélo pour explorer l’Europe de l’Est et je n’ai pas hésité une seconde. »
Sa première excursion sonne comme une révélation. Axel attrape le virus du voyage, au point de renouveler l’expérience chaque été jusqu’en 2015, où il franchit un nouveau cap.
Dans le Guinness des records
L’avant-dernier d’une fratrie de sept enfants quitte un confortable poste de cadre dans une PME : « J’ai eu envie de savoir ce que ça ferait de prendre plus que deux semaines, de partir vraiment à l’aventure. Je me suis donc lancé avec mes deux amis dans la traversée de l’Amérique du Sud. » Le trio passe par tous les états et s’inflige des variations de température allant de -20° en Bolivie à +45° en Colombie, avec des passages à 5000 mètres d’altitude. L’histoire d’amour avec ce continent ne fait que commencer. Axel Carion y revient dès 2017, en compagnie du Suédois Andreas Fabricius. Le duo, mieux équipé et en autonomie totale, marque l’histoire en parcourant les 11 000 kilomètres en moins de 50 jours. Le binôme, qui s’est coltiné près de 75 000 mètres de dénivelé, explose le précédent record du monde.
La naissance du BikingMan
Désireux de démocratiser sa nouvelle discipline, Axel Carion met en marche le premier championnat du monde d’ultracyclisme en 2018, auquel il appose la marque ‘‘BikingMan’’. « J’avais fait graver la mention BikingMan sur le cadre de mon vélo en 2015. Lorsque j’ai eu à nommer mon projet, je trouvais ce nom génial et ça me paraissait fou qu’il ne soit pas déjà utilisé », s’enthousiasme l’entrepreneur. Une série de 6 courses longue distance et des destinations qui offrent des terrains de jeu propices à la souffrance : Oman, la Corse, le Brésil, le Portugal et le Laos. Le Pérou, qui complète ce sextet, figure en bonne place dans le coeur de l’explorateur : « J’apprécie la fierté et l’authenticité de ce peuple qui a gardé sa connexion avec la nature. » Défier leurs limites, se retrouver seuls face à euxmêmes... Qui sait ce que ces participants viennent chercher en s’inscrivant à ce périple hors du commun, que son organisateur qualifie de « somptueux mélange entre Koh-Lanta, Pékin Express et Man vs Wild. »
Plus dur qu’un Ironman ?
Le BikingMan, auquel ont déjà pris part plus de 700 coureurs de tout niveau et de tout âge (le participant le plus âgé a 74 ans), s’effectue en près de 40 heures pour les meilleurs, contre 120 heures pour les derniers. Trois stratégies : « Dormir à l’hôtel à l’issue de chaque étape. Dormir chez l’habitant. Ou ne pas dormir », détaille Axel Carion. Et de poursuivre : « On brûle entre 5000 et 8000 calories par jour. C’est 4 fois plus que sur un Ironman. » À l’exploit sportif, le fondateur de cette épreuve si spéciale ajoute une autre dimension : « Derrière ce concept, il y a une micro-société de gens qui partagent les mêmes valeurs. Certains ont carrément changé de vie après avoir participé à mes courses, qui donnent aussi naissance à de grandes histoires d’amour. » Sur le plan personnel, le Cannettan n’en a pas fini avec les records. En septembre, il tentera d’en étabir un nouveau : le GT20, soit la traversée de la Corse du nord au sud à bicyclette, en un minimum de temps.