Le degré d’exigence monte encore d’un cran
Le gouvernement impose deux nouvelles mesures pour lutter contre le Covid-19 : le port du masque obligatoire dans les files d’attente et un test PCR pour les touristes étrangers, selon des critères précis
Doit-on craindre une seconde vague ? La question s’avère légitime, alors même que des clusters fleurissent ici et là en France et que bon nombre de pays, en Europe et dans les autres continents, continuent de ferrailler contre le Covid-19. « La Principauté résiste plutôt bien à la crise sanitaire. On peut dire qu’on est un peu plus épargné, à l’abri, dans un contexte européen et mondial où les contaminations repartent à la hausse », analyse Didier Gamerdinger, conseiller de gouvernement-ministre des Affaires sociales et de la Santé.
Sur le seul mois de juillet, dix-sept cas positifs ont été enregistrés en Principauté. Principalement des cas importés. «Ce sont soit des gens qui ne sont pas résidents chez nous et que l’on décompte à Monaco – une personne de Cap-d’Ail testée au CHPG ou une autre arrivant en bateau à Monaco, par exemple – soit des résidents qui ont été contaminés à l’étranger. »
Au Mexique, en Afrique et, récemment, à Saint-Tropez lors d’une fête arrosée. « En revenant à Monaco, ce dernier a contaminé quelqu’un », poursuit-il. Systématiquement, une enquête épidémiologique est alors menée par les autorités sanitaires.
« Le taux de réplication du virus est faible »
Bonne nouvelle : les cas recensés, souvent asymptomatiques ou présentant peu de symptômes, contaminent peu ou pas autrui. «Letaux de réplication du virus [R-Zéro, ndlr] est faible à Monaco. Il y a trop peu de cas pour le calculer de manière fiable mais il est en dessous de 1, déclare le Dr Eric Voiglio, médecin inspecteur de Santé publique à Monaco. C’est à partir de 2 que cela devient dangereux. Quand on atteint 4, 5, voire 10, la situation devient incontrôlable. Les mesures barrières et de prudence émises par le gouvernement sont efficaces. Lorsqu’on détecte tôt la maladie et qu’on met en place les mesures de confinement, on arrive à circonscrire le phénomène. »
Une discipline collective qui semble porter ses fruits, donc. Ce qui n’empêche pas de constater quelques errements, ici et là, quant au respect des gestes barrières. À compter de la semaine prochaine, d’ailleurs, le masque devient obligatoire dans les files d’attente (lire ci-dessous).
Les touristes séjournant en hôtels seront testés
Quid des touristes étrangers, d’Europe ou d’ailleurs ? Faut-il les tester à leur arrivée ? S’il apparaît techniquement impossible de contrôler tous les visiteurs venant par la route – les frontières du pays étant ouvertes –, le gouvernement vient d’adopter une mesure concernant les touristes venant en avion et séjournant dans les hôtels
(1) monégasques, qu’ils viennent d’une zone extra-européenne ou d’un pays européen estampillé à risque. « Ce n’est pas novateur car d’autres États appliquent déjà cette démarche. Mais nous la mettons en oeuvre car nous souhaitons protéger la Principauté. L’hôtelier nous signale l’arrivée d’un client répondant à ces critères. Nous allons demander au client de faire un prélèvement rhino-pharyngé [test PCR, ndlr] 72 heures avant son arrivée. S’il est négatif, il peut venir. Si le client n’a pas la possibilité d’en faire un, il sera mis en quatorzaine à son arrivée et testé chez nous », détaille Didier Gamerdinger. Le temps d’obtenir son résultat – dans les 24 à 48 heures – le touriste restera confiné dans sa chambre d’hôtel. Si le test ressort positif, « la personne sera soignée chez nous comme elle le serait dans un
autre pays. Selon l’état de santé, ce sera soit au CHPG soit via un suivi par le centre de suivi des patients à domicile. » Le même processus sera appliqué pour la venue des athlètes étrangers lors du meeting d’athlétisme Herculis, le 14 août prochain. Quant aux résidents monégasques voulant voyager, ils sont invités à consulter un site (2), cartographiant l’évolution de l’épidémie en Europe. « S’ils ont prévu de voyager dans une zone à risque, on leur conseille de ne pas le faire. Quand ils reviennent, il faut qu’ils fassent un test PCR, soit 72h avant, soit en arrivant à Monaco. C’est sur déclaration. Le système repose sur l’adhésion. Cette épidémie repose sur la notion de solidarité et de solidarité collective », martèle Didier Gamerdinger.
1. Sur la base du volontariat, les voyageurs arrivant à l’aéroport de Nice Côte d’Azur peuvent, depuis le 22 juillet, se faire dépister gratuitement.
2. https://www.ecdc.europa.eu/en