Hilares à la barre, deux SDF écopent de prison pour vol
Deux prévenus ont comparu menottés devant le tribunal correctionnel, à l’audience de flagrance. Deux SDF quadragénaires soupçonnés du vol d’une veste au restaurant L’Escale, sur le boulevard Albert-Ier, le dimanche 26 juillet. Les faits ont été dénoncés vers 16 heures par un serveur à la Sûreté publique. L’employé avait laissé sa veste sur un portemanteau à la prise de service. À la fin, le vêtement avait disparu avec les clés de son véhicule dans les poches. Entre-temps, les policiers intervenaient à la piscine où deux personnes ivres importunaient les baigneurs. À la vue des uniformes, les deux trublions cherchaient à fuir. Rattrapés, ils étaient conduits dans les locaux de la rue Suffren-Reymond. À l’issue de sa déposition, le plaignant croisait ces individus et reconnaissait ses affaires personnelles…
« Vous vous moquez du tribunal ! »
« Grâce à une caméra sur le commerce mitoyen, expose le président Florestan Bellinzona (*), on visionne l’entrée du restaurant où vous pénétrez dans la salle. Pour en ressortir avec un vêtement dissimulé sous le tee-shirt d’un d’entre vous. Avec la vidéosurveillance de l’Automobile-Club (ACM), on discerne deux individus en train de s’approcher du véhicule, de rentrer et d’en ressortir. Les images très nettes permettent de vous identifier et les empreintes relevées le confirmeront. C’était pour partir avec la voiture ? » Le voleur de 41 ans ne se souvient de rien. L’autre, âgé de 40 ans, a suivi son copain à l’intérieur de la BMW. Fatigués de n’avoir pas dormi de la nuit et ivres avec des taux de 0,55 et 0,68 mg/l, ils cherchaient un lieu pour se reposer. « On venait de Nice en train, ajoutent-ils avec un fou rire, pour aller à Menton. Mais on s’est arrêté à la gare de Monaco. On est désolé ! On ne voulait pas voler ni tenter de fuir… J’étais au chômage et en fin de droits, avec le seul RSA, rajoute le plus âgé. »
« On vous attend à Valence pour un vol »
Le magistrat les recadre d’emblée. «Il faut arrêter de dire n’importe quoi en riant. Les policiers vous poursuivent sur une vingtaine de mètres et vous ne vouliez pas vous enfuir ? Vous vous moquez du tribunal ! Le voleur a un casier avec vingt et une condamnations de 2001 à 2018 pour outrages, vols, stupéfiants, dégradation, port d’arme, effractions, escroqueries, rebellions… Celui du receleur comporte sept mentions de 2012 à 2018 pour violences, ivresses, vols… » C’est un comportement insupportable pour le président quand les détenus se remettent à rire. Après une sévère mercuriale, le magistrat demande leur retrait à l’extérieur du prétoire.
« Est-ce le rire des routiniers de la correctionnelle ? s’interroge le premier substitut Olivier Zamphiroff. Celui pour ne pas pleurer ? Ces deux-là se sont bien trouvés pour retourner en prison. Car on vous attend au tribunal de Valence, lance-t-il au prévenu ! Au lieu de rembourser les victimes d’un supermarché à Valence, vous venez parader à Monaco. La veste ? Vous l’avez volée ! Comme les clés, avec de mauvaises intentions. Vos casiers sont vierges à Monaco, mais il y a ces millefeuilles judiciaires… Pour le plus impliqué dans ce dossier, quatre mois de prison ferme. Pour son complice : un mois ferme ». Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public.