Monaco-Matin

Hilares à la barre, deux SDF écopent de prison pour vol

- JEAN-MARIE FIORUCCI * Assesseurs : MM. Ludovic Leclerc et Franck Vouaux.

Deux prévenus ont comparu menottés devant le tribunal correction­nel, à l’audience de flagrance. Deux SDF quadragéna­ires soupçonnés du vol d’une veste au restaurant L’Escale, sur le boulevard Albert-Ier, le dimanche 26 juillet. Les faits ont été dénoncés vers 16 heures par un serveur à la Sûreté publique. L’employé avait laissé sa veste sur un portemante­au à la prise de service. À la fin, le vêtement avait disparu avec les clés de son véhicule dans les poches. Entre-temps, les policiers intervenai­ent à la piscine où deux personnes ivres importunai­ent les baigneurs. À la vue des uniformes, les deux trublions cherchaien­t à fuir. Rattrapés, ils étaient conduits dans les locaux de la rue Suffren-Reymond. À l’issue de sa déposition, le plaignant croisait ces individus et reconnaiss­ait ses affaires personnell­es…

« Vous vous moquez du tribunal ! »

« Grâce à une caméra sur le commerce mitoyen, expose le président Florestan Bellinzona (*), on visionne l’entrée du restaurant où vous pénétrez dans la salle. Pour en ressortir avec un vêtement dissimulé sous le tee-shirt d’un d’entre vous. Avec la vidéosurve­illance de l’Automobile-Club (ACM), on discerne deux individus en train de s’approcher du véhicule, de rentrer et d’en ressortir. Les images très nettes permettent de vous identifier et les empreintes relevées le confirmero­nt. C’était pour partir avec la voiture ? » Le voleur de 41 ans ne se souvient de rien. L’autre, âgé de 40 ans, a suivi son copain à l’intérieur de la BMW. Fatigués de n’avoir pas dormi de la nuit et ivres avec des taux de 0,55 et 0,68 mg/l, ils cherchaien­t un lieu pour se reposer. « On venait de Nice en train, ajoutent-ils avec un fou rire, pour aller à Menton. Mais on s’est arrêté à la gare de Monaco. On est désolé ! On ne voulait pas voler ni tenter de fuir… J’étais au chômage et en fin de droits, avec le seul RSA, rajoute le plus âgé. »

« On vous attend à Valence pour un vol »

Le magistrat les recadre d’emblée. «Il faut arrêter de dire n’importe quoi en riant. Les policiers vous poursuiven­t sur une vingtaine de mètres et vous ne vouliez pas vous enfuir ? Vous vous moquez du tribunal ! Le voleur a un casier avec vingt et une condamnati­ons de 2001 à 2018 pour outrages, vols, stupéfiant­s, dégradatio­n, port d’arme, effraction­s, escroqueri­es, rebellions… Celui du receleur comporte sept mentions de 2012 à 2018 pour violences, ivresses, vols… » C’est un comporteme­nt insupporta­ble pour le président quand les détenus se remettent à rire. Après une sévère mercuriale, le magistrat demande leur retrait à l’extérieur du prétoire.

« Est-ce le rire des routiniers de la correction­nelle ? s’interroge le premier substitut Olivier Zamphiroff. Celui pour ne pas pleurer ? Ces deux-là se sont bien trouvés pour retourner en prison. Car on vous attend au tribunal de Valence, lance-t-il au prévenu ! Au lieu de rembourser les victimes d’un supermarch­é à Valence, vous venez parader à Monaco. La veste ? Vous l’avez volée ! Comme les clés, avec de mauvaises intentions. Vos casiers sont vierges à Monaco, mais il y a ces millefeuil­les judiciaire­s… Pour le plus impliqué dans ce dossier, quatre mois de prison ferme. Pour son complice : un mois ferme ». Le tribunal suivra les réquisitio­ns du ministère public.

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Le fou rire des prévenus a courroucé le président du tribunal.(Photo MM)

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