Le bonheur de retour au Palais
Émouvant concert de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo en formation réduite, dimanche soir dans la cour d’honneur. La fin a toutefois été perturbée par un feu d’artifice
En se dirigeant vers le Palais princier, dimanche soir, nous avons rencontré des gens heureux : les musiciens qui allaient se produire dans la cour d’honneur et les mélomanes qui allaient les entendre. Tous partageaient le même bonheur de retrouver la musique. Il y avait pour tous une même idée de la vie qui reprenait.
Il s’en était fallu de peu que le Covid ne vienne à bout des concerts du Palais. Mais le directeur du Philharmonique, Kazuki Yamada, et son délégué artistique Didier Cottignies se sont retroussé les manches et ont inventé une nouvelle programmation avec un orchestre à effectif réduit pour pouvoir respecter les distances sanitaires. Le public était masqué, placé individuellement ou en groupe avec un fauteuil vide à côté.
Côte scène, les bras spectaculaires de l’escalier monumental n’enserraient plus un grand orchestre symphonique mais un ensemble réduit aux seuls instruments à cordes. Chaque musicien avait son pupitre individuel – et non un pupitre pour deux comme d’habitude.
Magnifique concert
En musique comme en toute chose, la qualité ne se mesure pas à la quantité. Et avec cet orchestre réduit, le concert a fait notre régal. Le chef d’orchestre Kazuki Yamada, habitué aux grandes oeuvres symphonique, a offert quelque chose de magnifique avec le simple orchestre à cordes. Dans la célèbre Petite musique de nuit de Mozart, il a accompli un travail d’une minutie, d’une beauté, d’une finesse et d’une élégance dignes des meilleurs spécialistes de la musique de chambre. Il a renouvelé l’exploit dans ce long fleuve tranquille qu’est la Nuit transfigurée de Schönberg. Mais soudain, au milieu du plus ténu des pianissimos, a éclaté la canonnade inattendue d’un feu d’artifice (lire ci-contre) Entre ces deux oeuvres, on a entendu un concerto de Mozart dans lequel le pianiste Francesco Piemontesi a égrené ses notes comme un collier de perles.
Tout fut grand dans cette soirée. Même la… Petite musique de nuit !