Toulon : Macron annonce une prime de 1 000 € pour les aides à domicile
Après une crise sanitaire sans précédent, le chef de l’Etat était hier à Toulon pour rencontrer des professionnels de l’aide à domicile et évoquer son projet de loi sur le grand âge et l’autonomie
Dans son édition du 2 août, Le Journal du Dimanche s’est quelque peu avancé en écrivant que les vacances varoises d’Emmanuel Macron seraient « studieuses et calmes ». L’hebdomadaire s’est même risqué à émettre le pronostic suivant : « Au vu du contexte sanitaire, il n’est pas certain que le Président se prête cette fois-ci au jeu de la déambulation estivale et du bain de foule sur le front de mer ».
Raté ! En même pas une semaine de présence dans le Var, Emmanuel Macron a ainsi multiplié les sorties. Après un entretien lundi avec le maire de Bormes-les-Mimosas (lire nos éditions d’hier), le chef de l’État était hier matin en déplacement officiel à Toulon. Objet de sa visite : la prise en compte de l’accompagnement des personnes âgées ou en situation de handicap. Une sortie présidentielle organisée à la toute dernière minute, comme en témoigne l’une des professionnelles de l’aide à domicile sollicitée pour rencontre le président de la République : « On a été prévenue lundi soir vers 20 h ».
Un chef d’État à l’écoute
Après une visite au domicile de l’octogénaire toulonnaise Gisèle Charles (voir ci-contre), Emmanuel Macron, accompagnée pour l’occasion par Brigitte Bourguignon et Sophie Cluzel, respectivement ministre déléguée à l’Autonomie et secrétaire d’État aux Handicapés, avait rendez-vous avec une demi-douzaine de professionnels de l’aide à domicile, dans l’enceinte de la toute récente médiathèque de Toulon. Un lieu symbolique comme l’a rappelé le maire de Toulon Hubert Falco, puisque « c’est dans cet endroit (l’ancien Hôtel-Dieu, NDLR) que les premières personnes âgées, handicapées furent accueillies à Toulon ». Comme il semble en avoir pris l’habitude, geste barrière oblige, c’est par un salut bouddhiste – les deux mains jointes – que le Président est arrivé dans la salle de formation située au dernier étage de la médiathèque.
Bronzé, parfaitement détendu jusqu’à glisser les mains dans ses poches, Emmanuel Macron a longuement écouté les intervenants. Parmi ceux-là, Françoise, du centre communal d’action sociale (CCAS) de Toulon, a fait part « des problèmes de recrutement auxquels les organismes comme le CCAS sont confrontés ». Des difficultés qu’elle attribue « au manque de reconnaissance du travail ». Sa voisine, 38 ans au CCAS, confirme ce sentiment : « Au plus fort de la crise sanitaire, tous les soirs, les personnels soignants des hôpitaux ont été applaudis par la population. On n’a vraiment pas l’impression d’avoir été associées à ces applaudissements ».
Le Président soutenu par Hubert Falco
Directrice de l’Entr’aide sociale, Marie-Françoise Rault ne peut qu’abonder. « Alors que le domicile reste le premier lieu de soin en France, nous n’arrivons plus à recruter. En concurrence avec les minima sociaux, les offres d’emploi ne trouvent pas preneur. D’où la nécessité de rendre les métiers plus attractifs », lâche-t-elle.
Avant de confier au président de la République : « Nos attentes sont fortes vis-à-vis de la loi sur le grand âge ». Autant dire que la prime Covid de 1 000 euros promise par le Président à tous ceux qui ont fait des soins à domicile a été bien accueillie. « On ne vous remerciera jamais assez pour cette reconnaissance, mais il est vraiment important de revaloriser les salaires et de se pencher sur la formation pour rendre les métiers attractifs », a déclaré Mme Pozzi, présidente de l’Adafmi, une association spécialisée depuis 1968 dans l’aide à domicile. « Plus qu’économique, cette prime est avant tout symbolique », a ajouté Marie-Françoise Rault. Alors que Manuel Pinto, directeur régional des Petits frères des pauvres, se félicite que « le discours sur le maintien à domicile, que nous portons depuis les années 1970, soit repris ». « Tout ce que vous avez évoqué correspond à ce qu’on ambitionne de faire avec la loi sur le grand âge et autonomie », a conclu Emmanuel Macron. Et le chef de l’État a trouvé en Hubert Falco un supporter quelque peu inattendu. « La solidarité n’a pas de couleur politique. Elle vient du coeur. Tout ce que vous êtes en
train de mettre en place avec la création du 5e risque – la dépendance – on l’a souhaité depuis des années », a déclaré celui qui, alors secrétaire d’État aux personnes âgées, dut affronter la canicule de 2003.