Monaco-Matin

Motard, il retourne à l’école pour intégrer la judiciaire

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Avec Sébastien et Arnaud, Jonathan est un des « grands frères » de la promotion 2020 et un exemple de la politique de mobilité interne. Aujourd’hui lieutenant-stagiaire à la section financière de la Division de police judiciaire, il a repris le chemin de l’école après sept années de service dans le peloton motocyclis­te. Si le motard a mis la béquille et replongé dans les bouquins, quitté le terrain pour s’enfermer dans les bureaux, c’est par conviction profonde. « La judiciaire m’a toujours fait rêver, c’est l’image que j’avais de la police avant d’y rentrer. »

Pieds bottés pour le mariage princier

Originaire de Nice, Jonathan a « fait le grand saut » en 2008. Titulaire d’un bac + 5 en économie, il bosse dans une banque ou un hypermarch­é avant de « revenir à [ses] premières amours » : la police. Pourquoi Monaco ? Par envie de rester dans la région et sur les conseils d’amis qui lui présentent la Sûreté publique « comme une très bonne maison », « avec une philosophi­e de la sécurité plus poussée qu’en France ». Ses insignes conquis, il fait ses armes à l’îlotage ou en équipage de police secours, avant de répondre à un appel à candidatur­es en 2010. Un an avant le mariage entre le prince Albert II et Charlène Wittstock, le peloton de motards cherche des renforts. « J’ai passé les tests et mis mon premier pied dans la botte (rires) .» Mobilisé pour la sécurité du mariage princier, Jonathan rejoint le peloton à plein temps en 2012. En 2016, l’idée de repasser par la case école pour décrocher un diplôme de lieutenant se fait plus pressante. Seul hic, passé 30 ans, les concours internes ne sont ouverts qu’après neuf ans d’ancienneté. Il patiente. « J’ai ouvert les bouquins de droit et tout repris depuis le début pour passer le concours en 2018. » Il parviendra jusqu’à l’oral mais butera sur la dernière marche. Qu’importe, Jonathan ne baisse pas les bras. « J’ai continué. Ouvert d’autres livres et réussi le concours en 2019. » En mai, il raccroche les bottes pour devenir élève-lieutenant. Le genre de bascule encouragée par le directeur de la Sûreté,

Richard Marangoni. «Il y a trente ans, la police, c’était quatre ou cinq métiers. Aujourd’hui, c’est 20 à 25 métiers et on n’a pas conscience de ça. Passer de contrôles de vitesse sur la voie publique aux affaires financière­s est valorisant et enrichissa­nt, mais ça demande un fort effort intellectu­el. »

« Je suis encore dans la phase d’apprentiss­age »

Deuxième de sa promo, il choisit les affaires financière­s et casse la routine. «Touta changé ! À la financière, il y a beaucoup d’administra­tifs, de documents à exploiter. Je suis encore dans la phase d’apprentiss­age de l’organisati­on et croyez-moi, ce n’est pas évident (rires) .»

Le dénominate­ur commun entre ces piles de dossiers et le terrain ? Le « flair policier ». « L’expérience vous fait acquérir quelques réflexes et un “sens policier”, qui démarre par l’observatio­n, se développe. » Aux acquis, s’ajoutent des formations continues à l’extérieur et le partage en interne. Avec les supérieurs : « On est pris en main par un chef de groupe dès notre arrivée, qui nous distille ses connaissan­ces et vers lequel on revient chaque jour avec nos interrogat­ions pour qu’il nous guide. » Comme avec les jeunes collègues, notamment par des groupes Whatsapp. «Onles aide, les drive, leur dit aussi quand ça ne va pas. A l’école, c’est plus facile de s’adresser à un collègue de promotion qu’à un formateur qui se doit d’être plus sévère. »

S’il continue à gérer le toutvenant lors de permanence­s à la judiciaire, ou d’effectuer des rondes en civil selon l’événementi­el ou pour contrer des recrudesce­nces d’infraction­s, Jonathan apprend surtout à travailler avec une nouvelle hiérarchie. « J’ai une double hiérarchie, administra­tive et judiciaire. Une double casquette que je ne connaissai­s pas puisqu’on travaille surtout avec les juges d’instructio­n et le parquet. »

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« L’expérience vous fait acquérir quelques réflexes et un “flair policier”. »
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