Monaco-Matin

Le coin savant : Beethoven, printemps et désespoir

- A.P.

La ème sonate pour violon et piano de Beethoven, qu’on entendra ce soir, est la célèbre sonate du « Printemps ». Le titre n’est pas de Beethoven, pas plus que celui de la « Sonate au clair de lune » ou la « Sonate Pathétique ». Ces titres ont été donnés ultérieure­ment par les éditeurs.

La jaillissan­te spontanéit­é de cette musique a suscité cette appellatio­n. Que de bonheur dans cette partition ! Et pourtant, lorsque Beethoven la compose, il est au bord du désespoir. Miraculeux pouvoir des artistes de répandre la joie alors qu’ils sombrent dans le drame !

Les effets incurables de la surdité

En 1801, Beethoven sent monter en lui les effets incurables de la surdité. Dans quelques mois, il rédigera son bouleversa­nt « Testament d’Heiligenst­adt » dans lequel il avouera avoir eu l’intention de se suicider :

«... Quelle humiliatio­n lorsque quelqu’un près de moi entendait une flûte au loin et que je n’entendais rien, ou lorsque quelqu’un entendait le berger chanter et que je n’entendais rien non plus ; de tels événements m’ont poussé jusqu’au bord du désespoir, il s’en fallut de peu que je ne misse fin à mes jours. C’est l’art et seulement lui, qui m’a retenu, ah ! il me semblait impossible de quitter le monde avant d’avoir fait naître tout ce pour quoi je me sentais disposé, et c’est ainsi que j’ai mené cette vie misérable – vraiment misérable. »

Et pendant ce temps-là, il faisait naître sur son papier à musique le plus doux des printemps...

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