Crise sanitaire : « Un gros manque d’anticipation »
Covid-19, sécurité après les violents incidents, notamment à Nice, mais aussi élections départementales, le député LR des Alpes-Maritimes Éric Ciotti commente sans concessions
C’est la pause estivale pour le député Éric Ciotti. La commission d’enquête sur les conséquences de l’épidémie de Covid-19, dont il est le rapporteur à l’Assemblée, a interrompu ses travaux. Reprise en septembre et rapport attendu pour décembre. Mais le patron de la fédération LR des Alpes-Maritimes est, lui, loin d’être en vacances : sénatoriales à plier en septembre, et départementales à préparer pour 2021 : un numéro d’équilibriste qu’il réalise avec l’« autre LR », Christian Estrosi, à la faveur d’une entente – officiellement – retrouvée.
Quel point d’étape pouvez-vous faire après deux mois de travail de la commission d’enquête sur le Covid- ?
Au terme des deux premiers mois, on peut clairement affirmer que cette crise a été très largement mal anticipée. Et ce depuis , après la forte mobilisation sous la présidence de Nicolas Sarkozy face à la grippe HN, on a baissé la garde.
Sur les masques notamment ?
En nous avions un stock de milliard millions de masques. Plus que millions au er janvier . Et toujours
millions au pic de la crise sanitaire fin mars. Ce gros manque d’anticipation, on le retrouve aussi dans le discours du gouvernement. Au début, le masque était inutile voire dangereux pour le gouvernement. Et aujourd’hui, son port est obligatoire. Compte tenu de cela, je propose que le coût soit pris en charge par l’Etat ou par l’assurance-maladie, pour les plus de ans, par exemple.
D’autres carences dans la gestion de la crise ?
On a le sentiment qu’à chaque fois on avait un temps de retard en France : pour la fermeture des frontières notamment avec les voisins italiens, par exemple.
Et ce chiffre ahurissant : les deux premières semaines de la crise la France n’a réalisé que tests, alors que l’Allemagne en faisait .
Certaines collectivités ont été en première ligne contre le Covid...
Oui et heureusement. Les collectivités locales ont fait preuve de souplesse, de réactivité et de proximité avec les acteurs de terrain. Encore aujourd’hui. D’ailleurs, le Premier ministre a annoncé la mise à disposition gratuite de masques pour les personnes vulnérables. Le conseil départemental des AlpesMaritimes
n’a reçu aucune information à ce jour, donc c’est nous qui enverrons les masques, aux personnes vulnérables et notamment à nos allocataires du RSA.
Combien a coûté la crise sanitaire à la collectivité départementale ?
Vingt millions d’euros, millions en aides économiques pour le fonds de la CCI et celui de la Région. Le reste en masques, mais aussi en équipements pour protéger les professions libérales, les commerçants et les artisans. Et pour mettre en place des équipes de tests mobiles.
Vous envisagez d’augmenter la fiscalité pour compenser ?
C’est un choc budgétaire, oui, mais nous n’augmenterons pas la fiscalité. Grâce à notre bonne gestion avec le président Ginésy, nous avions une réserve de millions sur l’exercice .
Et il semblerait que le marché de l’immobilier reprenne sa dynamique : comme nos premières recettes proviennent des droits de mutation, cela nous permet d’atténuer les conséquences de la crise. Nous savons que l’épidémie aura des conséquences pour beaucoup de familles azuréennes : ce serait la pire des choses que d’alourdir le fardeau fiscal. Au contraire, les foyers azuréens vont bénéficier de la baisse votée fin .
Vous vous attendez à une rentrée compliquée ?
Le choc est rude et d’une violence inédite pour les Alpes-Maritimes car notre activité est très liée au tourisme et au trafic aérien. Le chômage a augmenté de % dans notre département depuis un an, alors qu’il a augmenté de % au niveau national.
Plus de morts en France du Covid dont pensionnaires d’Ehpad : que dit la commission à ce sujet ?
Sur ces plus de , sont morts en Ehpad sans être hospitalisés. Les Ehpad ont été les parents pauvres de la crise, il faudra en tirer toutes les conséquences. Je pense que le modèle actuel de ces établissements est à revoir. Il faut aller vers des unités de médicalisation beaucoup plus forte. En période normale, sans le virus, % des patients de réanimation ont plus de ans. Tout début avril, on est tombé à % et même, % en Île-deFrance. Une régulation s’est clairement opérée au détriment des personnes âgées dépendantes.
Notre système de santé a-t-il été à la hauteur de l’ampleur de la crise ?
On nous a dit que notre système de santé avait tenu, mais il a tenu grâce à la formidable mobilisation des soignants ! Il ne faut pas cacher aux Français qu’il a tenu aussi grâce à la déprogrammation massive des actes médicaux, hors Covid, notamment des traitements de lutte contre le cancer. Sans parler des actions de dépistage dont on verra les conséquences à long terme.
Sur le front de la sécurité, Éric Dupond-Moretti a dit qu’il était favorable à la reprise de votre loi sur l’encadrement militaire des mineurs délinquants...
Et j’ai été agréablement surpris. Cette loi adoptée en sous Sarkozy a été inappliquée par Taubira : elle a coupé tous les financements. On voit bien aujourd’hui que la délinquance des mineurs n’est pas sanctionnée comme elle le mériterait. Il y a quasiment une impunité. Il faut une réponse rapide et dissuasive. Ce « service citoyen » est, je le crois, utile et pertinent. Je suis plus inquiet, en revanche, sur les annonces du garde des Sceaux en matière de politique pénale, notamment sur la dimension de la population carcérale.
Elle a baissé pendant l’épidémie ?
Depuis le er mars, elle a diminué de détenus et la montée de violence que l’on constate depuis, y compris très fortement dans les villes du sud, n’est pas étrangère à cela... Il faut aussi avoir le courage de dire que l’explosion de délinquance est liée à l’augmentation de l’immigration. Les règlements de compte à Nice ou à Dijon entre communautés ethniques sont aussi la conséquence du laxisme migratoire.
Depuis un mois, les visites et les annonces gouvernementales se sont multipliées dans les Alpes-Maritimes...
Les annonces vont dans le bon sens, notamment la prime de fidélisation, tout en souhaitant qu’on l’accorde à tous les policiers des Alpes-Maritimes. Mais je me méfie des effets d’annonce médiatiques. Castaner avait promis policiers, ils ne sont pas là, pire, en un an, avec les départs, on est à moins policiers. Gérald
Darmanin a eu raison de reprendre le terme d’ensauvagement que j’ai utilisé avant lui, mais en la matière les mots ne suffisent pas, il faut des actes !