Monaco-Matin

C’était ‘‘Bibiche’’ Aulanier

Ses obsèques ont lieu ce matin à Cellieu, petite commune de la Loire dans la campagne stéphanois­e, où il a grandi. Un dernier hommage pour un homme qui a marqué le Gym et les Niçois

- PHILIPPE CAMPS

On ne pouvait pas le laisser partir comme ça. Sans un au revoir. Sans écrire combien il était agréable pour un journalist­e de lui faire face pour une longue interview ou une brève réaction. Nos rendezvous se terminaien­t souvent chez l’ami Jean-François Icardo pour boire un verre ou casser la croûte. Il était comme ça Dominique Aulanier, alias Bibiche. Simple comme un sourire qu’il avait éclatant. Capable de partir à l’aventure entre deux entraîneme­nts. Incapable de laisser trop longtemps ses cigarettes au fond de sa poche. Depuis l’âge de 15 ans, il fumait comme il respirait. Un paquet par jour. Parfois plus. Ceux qui le voyaient courir comme un dératé au Ray ou ailleurs pensaient qu’il avait un poumon de rechange dans son sac de sport.

Le foot, la fête, les boules, la nuit

Il ne faisait rien à moitié. Avec lui, les pastis étaient chargés et les nuits longues et blanches. Ça valait aussi pour les petits matchs d’entraîneme­nt qu’il vivait comme des finales. Quand il levait le pied, c’était pour aller jouer aux boules au Cros-de-Cagnes ou n’importe où se trouvait un cochonnet avec des mecs autour. « Le foot, la fête, les boules, la nuit. C’est un peu ça ma vie », nous avait-il confié, en novembre 2016, lors d’un papier truffé de souvenirs. Il n’avait pas changé. Joueur dans l’esprit, fêtard dans l’âme. Sur le terrain, c’était un fantassin. Généreux à l’extrême, fantasque en diable, souvent en déséquilib­re, jamais dépassé. On le revoit, cheveux en bataille, haranguant le Ray pour soulever ses tribunes. On se souvient de ses prises de balle sans rature, de ses contrôles orientés, de ses crochets déroutants et de ses courses folles qui perdaient ses adversaire­s et égaraient parfois aussi ses coéquipier­s. Il était un milieu de terrain complet, ratisseur, passeur et même buteur. Il aimait le foot en liberté, les prises de risque et les dérapages incontrôlé­s. Toute une époque.

Cellieu, la terre des Aulanier

Au bout du fil et de l’émotion, ses frères de jeu (Gagnier, Rodriguez, Tatarian...) ont raconté le bonheur de jouer ou de s’asseoir à ses côtés. Depuis vendredi, ils sont sous le choc. Comment accepter l’inacceptab­le. Dominique Aulanier est mort seul dans son appartemen­t de Portiragne­s, une cité ensoleillé­e de l’Hérault. La famille ayant renoncé à une autopsie, la cause du décès (crise cardiaque ou avc) restera inconnue. Il avait 46 ans, un fils (Enzo, 21 ans), une fille (Luna, 11 ans), huit frères, cinq soeurs et beaucoup d’amis. Ce matin, ceux qui ont approché Bibiche - comment ne pas aimer un homme avec un tel surnom - auront la tête ailleurs. Ils seront à Cellieu, terre des Aulanier, à 475 kilomètres de Nice. Une terre verte tournée vers Saint-Etienne, son chaudron, son épopée, ses titres, son histoire. Dominique Aulanier, lui, était devenu Niçois. « J’ai commencé à Sainté, mais mon club, c’est le Gym », aimait-il affirmer. Son fils Enzo travaille dans un magasin électromén­ager et multimédia à St-Etienne et supporte les Verts : « Mais mon idole, c’est lui... » souffle-t-il au téléphone. Et il le restera. Pour lui, pour nous, Bibiche ne sera jamais loin.

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