Les chasses du roi s’exposent au hameau de Mollières
Expo photos en plein air jusqu’à la fin septembre dans le hameau au coeur du Mercantour, habité uniquement l’été, qui n’est devenu français qu’en 1947
L’association « Moulierenc » fait revivre l’histoire du hameau de Valdeblore à travers une belle exposition de photos anciennes, retrouvées grâce au soutien financier du Conseil départemental et du parc Alpi Marittime côté italien. Les photos sont pittoresques et rares, joliment présentées devant l’ancienne caserne de gendarmerie et accompagnées d’un texte explicatif.
Un peu d’histoire
Tout a commencé en 1860 quand le roi Victor Emmanuel II, alors duc de Savoie, comte de Nice, prince de Piémont se passionne pour la chasse au chamois. Il se fait construire un palais d’été à Cuneo, des thermes à Valdieri et un pavillon de chasse à Entracque pour avoir accès à sa gigantesque réserve de chasse.
Les gardes-chasse sont postés à Mollières alors piémontais, tout comme le Boréon, certaines parties de la Madone de Fenestre ou de la rive gauche de la Tinée, comme Isola. L’interdiction aux habitants de chasser à cause du privilège royal est compensée par un afflux de lires dans les caisses des communes et par la création de routes, chemins muletiers, abris en montagne et ponts pour franchir les rivières et permettre le passage du roi et de sa troupe. Trois générations de la maison de Savoie se succèdent en vallée Gesso. Le roi Humbert Ier (1878-1900) vient rarement en vallée car il n’aime pas la chasse contrairement à son successeur Victor Emmanuel III. Le dernier roi d’Italie a sa résidence d’été à Santa Anna, des années 1920 jusqu’à la guerre. Quant à Hélène la « reine pêcheuse », elle adore la pêche en rivière et profite de sa venue dans les villages reculés de montagne pour ses bonnes oeuvres : distribution de nourriture, aide financière aux orphelinats locaux.
Les vicissitudes et tourments de l’histoire de ces deux derniers siècles ont vu les frontières changer et le village de Mollières brûlé par les Allemands en 1944, devenir français en 1947.
Tout pour redonner vie au hameau
Depuis, ses habitants et leurs héritiers restaurent les ruines, redonnent vie au hameau pendant l’été et accueillent les nombreux visiteurs pour son célèbre festin du 15 août (sauf cette année).
Les chemins entretenus depuis tout ce temps font la joie des randonneurs, récompensés par la découverte du hameau, la vue magnifique sur la forêt alentour, la fraîcheur du climat et le pittoresque des habitants. L’exposition en place jusqu’à fin septembre sur ce chemin du « bout du monde » est d’autant plus valorisante pour qui ose s’y aventurer.