Coup de pompe sur les réservations hôtelières
Changement de dates et conditions sanitaires liés au Tour de France ne contribuent pas à remplir les hôtels niçois. Ceux qui reçoivent des équipes se hissent dans le peloton de tête
Le régime avec selle du Tour de France, permet-il de doper l’hôtellerie niçoise ? Pas vraiment. En tout cas, pas de manière uniforme. Les hôteliers espérant remplir leurs étages avec des individuels, dont des supporteurs, en bavent plus que ceux qui reçoivent actuellement les équipes de cyclistes et leurs accompagnants. Si l’épreuve sportive si populaire en France et dans le monde, avait eu lieu, comme prévu, fin juin, les hôteliers du coin endosseraient le maillot jaune : « Les retombées économiques auraient été multipliées par cinq », regrette Laurent Rossi. Mais comme beaucoup de ses confrères de l’hébergement local, le directeur exécutif du groupe Summer hotels, réunissant, entre Menton et Cannes, neuf établissements, dont six dans le centre de Nice, affiche un moral un peu à plat. À cause des chiffres : « On a un gros 40 % de disponibilité sur notre parc hôtelier. Nos établissements sont remplis entre 50 et 60 %. Ce n’est pas assez. »
Taux d’occupation insuffisant bien que le Tour de France soit la garantie d’une publicité planétaire pour Nice. Mais pour l’apport immédiat, les vendeurs de nuitées «espèrent beaucoup des réservations de dernière minute ».
Et d’ailleurs, qui réserve ? « Sur le centre-ville de Nice, poursuit Laurent Rossi, c’est une clientèle de loisirs. Les chambres intra-muros sont davantage pour les spectateurs. » Or, les spectateurs, on va les tenir éloignés des coureurs. À cause du virus qui remet le grand braquet. Dans ce cas, où est l’intérêt de sprinter pour avoir sa «résa»?
En quarantaine !
En outre, malgré les procédures sanitaires drastiques, que les hôteliers maîtrisent maintenant depuis des semaines, d’autres paramètres viennent semer du gravier sur la piste : « Depuis que la Grande-Bretagne a fermé ses frontières, la France est boudée par la clientèle anglophone. Pareil pour l’Allemagne qui vient d’instaurer un système de quatorzaine pour ses ressortissants revenant de l’Îlede-France ou de Paca. Tout ça met un frein… »
Même timbre avertisseur au Monsigny, 3 étoiles de l’avenue Malaussena : « À partir de vendredi, nous sommes à 65 % d’occupation, samedi, on passe à 56 %, dimanche, à 41 % et lundi, seulement à 11 %, liste le responsable de la réception. Nous avons 100 chambres. Si le Tour de France s’était déroulé normalement, on aurait fait du 100 %. On a des clients qui sont partis en catastrophe par peur de la mise en quarantaine. Quant aux réservations de dernière minute, la montée en charge est assez faible. Heureusement, nous avons un groupe de préparateurs et un autre de journalistes. Ce qui sauve un peu la mise, mais je vois mal comment nous pourrions remplir maintenant. »
Une publicité quand même
Moins de monde au bord des routes pour encourager les maillots jaunes, verts, à pois. Denis Cippolini en est conscient. S’il ne veut pas encore faire de commentaire au nom de la Fédération hôtellerie et tourisme Umih Nice-Côte d’Azur, estimant qu’il est trop tôt, son président regrette malgré tout « qu’à cause du Covid, on n’aura pas tous les spectateurs qu’on aurait pu accueillir autour du TDF. » Une consolation, cependant : « Les belles images de Nice et de sa montagne environnante exprimeront auprès des clients individuels potentiels, le message d’une arrière-saison magnifique dans les Alpes-Maritimes. Or septembre est un mois clé pour nous et les diffusions télévisées nous seront positives pour le futur. »
En tant que propriétaire du Servotel, à Saint-Isidore, Denis Cippolini, lui, ne subit pas le coup de pompe : ses 90 chambres sont toutes prises. « Je reçois 180 personnes au total, représentant trois des équipes du Tour de France : Movistar, Ineos, Mitchelton. Nous avons l’habitude des sportifs comme les équipes du Paris-Nice depuis des années, les équipes de football, les pilotes de rallyes, avec une cerise sur le gâteau : un parking de 4 000 m2, entièrement refait avec bornes à eau, pouvant contenir caravanes, semi-remorques et bus. » Le ballet des poids lourds du vélo a commencé hier dans Nice. C’est toujours ça de gagné…